12 avril, 2011

L’Afrique du Sud dans le business de la mort

L’hebdomadaire "Sunday Independent" vient de faire une révélation fracassante : "l’Afrique du Sud a exporté pour plusieurs millions de dollars d’armes à quelques-uns des régimes les plus répressifs du monde." Venant de ce géant d’Afrique, cela étonne. Certes, tout porte à croire que dans ce monde en proie aux conflits politiques, ethnico-religieux pour la plupart meurtriers, la vente d’armes est l’une des voies les plus sûres pour faire fortune. Mais le rôle hautement historique de leader d’Afrique n’autorise pas l’Afrique du Sud à se jeter tête baissée dans ce business de la mort. La position du géant d’Afrique est d’autant plus étonnante qu’il a longtemps souffert de l’apartheid et est de ce fait mieux placé pour prôner la paix à travers le monde. Très fracassante aussi est l’attitude de l’Afrique du Sud quand on sait qu’elle cherche à siéger comme membre permanent au Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU). Avec cette révélation, il y a lieu de redouter que ce futur ambassadeur - si sa candidature est acceptée - du continent noir à l’ONU ne soit lui-même un pyromane.

D’aucuns diront que les grandes puissances qui siègent à l’ONU sont elles-mêmes de véritables "Viktor Bout", c’est-à-dire des trafiquants chevronnés d’armes à destruction massive et qu’il est tout à fait normal que l’Afrique du Sud, par qui cette pratique n’a pas commencé, s’y lance pour renflouer ses caisses en espèces sonnantes et trébuchantes. Mais qui dit que l’Afrique est plus que jamais réfractaire aux beaux exemples ? Le continent noir peut, même si cela paraît paradoxal, mettre un peu d’éthique dans le commerce des armes. On ne peut nier l’évidence que le monde d’aujourd’hui est en ébullition du fait de certaines inventions technologiques nuisibles et cherche une issue. D’ailleurs, Barack Obama, président de la plus grande puissance mondiale, ne prône-t-il pas à cor et à cri, un monde débarrassé d’armes de destruction massive ? Par ailleurs, il est recommandé aux pays en développement de réserver le plus grand de leur budget aux secteurs sociaux et non à la Défense. La première puissance du continent africain dont les valeurs ancestrales sont la paix et la solidarité aurait dû montrer au reste du monde, aux puissances mondiales surtout, le chemin à suivre si elle avait pu refuser de se livrer à cette pratique ignoble consistant à vendre des armes aux tyrans. Sans prétendre être dans le secret des dieux, l’on imagine que la Côte d’Ivoire du tyran Gbagbo à présent aux arrêts, figure parmi les pays bénéficiaires de ce business de la mort. Cela est d’autant plus probable que Laurent Gbagbo entretenait des liens d’amitié avec Jacob Zuma, le président actuel sud-africain.

Toujours est-il que l’Afrique du Sud, en optant de se joindre au cercle des complices du diable, est désormais redoutable. Et pour peu qu’elle ait vendu des armes à la Libye et au Yémen (entre autres pays qui figurent sur la liste officielle des pays bénéficiaires de ses armes) aujourd’hui en ébullition, le leader d’Afrique est comptable des crises qui secouent ces différents pays. A défaut de faire mieux que leur prédécesseur Mandela, Zuma et ses collaborateurs devraient au moins se garder de vendre la mort au risque de ternir l’image de la nation arc-en-ciel. Mais hélas, ils tombent dans la disgrâce du fait de leurs comportements qui frisent souvent l’irresponsabilité. En tout cas, jamais l’idole internationale, le patriarche africain, Nelson Mandela, n’aurait livré son pays à ce commerce dangereux. Car il en connaît les conséquences. Ainsi, l’Afrique du Sud n’éprouve-t-elle pas de la gêne à voir ses armes utilisées contre des civils en Libye et au Yémen ?

Boulkindi COULDIATI

lepays.bf

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