30 décembre, 2010

Nouveau DIU à Ouagadougou

DIU pharmacie ouagadougou.JPGchmp.blogs.nouvelobs.com Vous souhaitiez avoir des exemples concrets de notre action ? En voici un qui illustre comment une double implication auvergnate peut aider le Burkina Faso.

Afin de lutter plus efficacement contre le VIH, la tuberculose et le paludisme en Afrique sub-saharienne, l'Université de Ouagadougou met en place un Diplôme Inter-Universitaire (DIU) de gestion des approvisionnements pharmaceutiques en collaboration avec l'Université d'Auvergne Clermont-Ferrand 1.
Il s'agit de la première formation post-universitaire diplômante en langue française en Afrique destinée aux pharmaciens. La 1ère session aura lieu du 7 février au 5 mars 2011. Cette formation a reçu le soutien de l'OMS.
Au-delà d'être un partenaire technique et financier de ce projet, la CHMP est aussi membre de l'équipe pédagogique !

Afin de nous aider dans notre action, vous pouvez nous faire un don en imprimant le bulletin ci-dessous. La CHMP est une association reconnue d'intérêt général. A ce titre, nous pouvons recevoir des dons et vous recevrez ainsi un reçu fiscal afin de bénéficier d’une réduction d'impôts.

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USA: polémique autour d'un documentaire sur l'autopsie de Michael Jackson

AFP

Le chanteur américain Michael Jackson lors d'un concert au Brunei, le 16 juillet 1996
Le chanteur américain Michael Jackson lors d'un concert au Brunei, le 16 juillet 1996 Francis Sylvain AFP/Archives

Les exécuteurs testamentaires de Michael Jackson ont réclamé jeudi la déprogrammation d'un documentaire de la chaîne américaine de télévision Discovery sur l'autopsie de l'artiste, qu'ils jugent "insensible" et d'un "mauvais goût terrible".

John Branca et John McClain, qui gèrent l'héritage du "roi de la pop", ont envoyé une lettre au groupe Discovery Communications, dans laquelle ils accusent le groupe audiovisuel de vouloir "exploiter" la mort du chanteur.

"Votre décision de programmer ce documentaire témoigne non seulement d'un mauvais goût terrible et d'un mépris pour la famille, mais aussi du désir aveugle d'exploiter la mort de Michael et de tromper le public sur la valeur médicale du programme", écrivent-ils.

MM. Branca et McClain qualifient par ailleurs de "nauséabonde" la publicité pour le documentaire -- qui doit être diffusé en Europe à une date non précisée -- représentant un cadavre recouvert d'un drap couché sur un brancard, dont dépasse une main couverte du gant parsemé de brillants qu'arborait le chanteur. "Au nom de la famille de Michael Jackson, des fans, du sens commun et de la décence, nous vous demandons de revoir votre position et d'annuler (la diffusion) de ce programme", concluent-ils.

Jeudi à la mi-journée, la chaîne Discovery n'avait pas répondu à la lettre de MM. Branca et McClain.

Michael Jackson est mort le 25 juin 2009 à Los Angeles d'une surdose de médicaments, à l'âge de 50 ans.

Conrad Murray, son dernier médecin, est poursuivi pour "homicide involontaire", pour avoir administré au chanteur, peu avant sa mort, le puissant anesthésiant propofol, désigné par l'autopsie comme principal responsable du décès.

Honduras : le mobile reste à déterminer dans le dixième assassinat d’un journaliste

Source / auteur :

RSF

mis en ligne jeudi 30 décembre 2010 par jesusparis


Henry Suazo, correspondant de la radio de Tegucigalpa HRN, à La Ceiba, dans le département de l’Atlántida, a été assassiné par balles à la sortie de son domicile dans la matinée du 28 décembre 2010.

Le journaliste âgé de 39 ans, qui travaillait également pour la chaîne locale Cablevisión del Atlántico, sortait de son domicile lorsqu’un groupe d’inconnus a ouvert le feu sur lui. Les criminels ont pris la fuite.

Reporters sans frontières déplore la multiplication des violences contre les journalistes dans ce pays d’Amérique centrale. Nous exigeons qu’une enquête impartiale et efficace soit conduite dans les plus brefs délais. La police ne doit pas écarter la piste professionnelle. Il s’agit de la deuxième mort d’un journaliste de La Ceiba depuis le début de l’année

Cet assassinat porte à dix le nombre de professionnels des médias tués depuis le début de l’année au Honduras, dont trois en lien avéré avec la profession. Ces crimes à répétitions reflètent l’ambiance d’insécurité et la vulnérabilité des professionnels des médias dans ce pays.

Le président Porfirio Lobo a écarté toute responsabilité de son gouvernement dans ces affaires et a affirmé que les violences contre les journalistes sont imputables à la « violence criminelle » que subit le pays.

Nouvel an : les voeux du Président Alassane Dramane Ouattara

Présidence


Message
© Présidence par Aristide
Jeudi 30 décembre 2010. Abidjan


Abidjan, le 31 décembre 2010 - Message de voeux à la nation du Président de la République.



Ivoiriennes, ivoiriens,
Mes chers compatriotes,
Chers amis de la Côte d’Ivoire,

2010 a été pour nous tous, à la fois une année d’espérance et une année d’épreuves. Après une longue attente et de nombreux reports, nous avons enfin pu le 31 octobre, puis le 28 novembre dernier nous rendre, dans la paix, aux urnes pour choisir le Président de la République de notre pays et vous avez massivement porté votre choix sur ma modeste personne. Je voudrais vous en remercier encore une fois.

Malheureusement, l'année 2010 se termine dans la tristesse et la désolation.

En effet, alors que nos compatriotes et les amis de la Côte d'Ivoire auraient pu tirer une légitime fierté de cette campagne exemplaire, alors que les observateurs internationaux ont tous admis la bonne tenue générale du scrutin, alors que, comme nous, le monde entier, à commencer par les Nations unies a salué la manière dont se sont déroulées les élections et en a reconnu aussitôt les résultats, l’ancien Président, Monsieur Laurent GBAGBO, use de stratagèmes qui ne trompent personne, pour contester les résultats, voire pour tenter de les inverser .

Ainsi, la grande fête qui devait couronner la fin de ce scrutin démocratique s'est transformée en deuil par ce refus du verdict des urnes.

Je voudrais renouveler mes condoléances aux familles de nos frères et sœurs, froidement abattus par les miliciens et les mercenaires étrangers, et exprimer ma compassion à tous ceux et à toutes celles qui supportent encore le poids des meurtrissures et des blessures physiques et psychologiques.

Des centaines de morts ont déjà été dénombrés. Et il y a hélas fort à craindre que ce décompte macabre ne révèle des découvertes plus terribles encore.

Tant de larmes, tant de sang pour dissimuler la vérité et tenter d'imposer le mensonge ! Mais la force illégitime et le mensonge ont leurs limites !

Chers compatriotes,

Malgré la tristesse qui domine cette fin d’année, nous avons de nombreuses raisons de croire, d'espérer et d'agir.

Tout d’abord, je me réjouis de ce que l'immense majorité des Ivoiriens ne se soient pas trompée de combat. Ils ont fait preuve de maturité en distinguant la bonne information de la propagande et en votant massivement pour le changement.

Je me réjouis également de ce que la Cote d'Ivoire soit soutenue par la quasi totalité des pays membres des Nations Unies.

De même, les grandes institutions qui régulent l'économie mondiale et celle de notre sous-région ont transféré, sans hésiter, au Président légitime que je suis, tous les instruments de gestion qui fondent la souveraineté d'un pays.

Qu'il s'agisse de la Banque Mondiale, du FMI et surtout de notre institution commune qu'est la BCEAO, chacune de ces organisations a su prendre ses responsabilités.
Tout cela est un véritable motif de satisfaction pour nous tous.

Chers compatriotes,
Chers frères, chères sœurs,
Chers amis de la Côte d'Ivoire,

Je sais que vous êtes de plus en plus impatient de voir la légalité s'exercer pleinement et partout. Vous vous demandez combien de temps durera une situation si préjudiciable à votre bien-être moral et matériel. Les opérateurs économiques nationaux et internationaux craignent pour la survie de leurs entreprises, avec ce que cela comporte de risques de faillites, donc de chômage.
Comme vous, je regrette le temps perdu et je suis impatient de pourvoir appliquer mon programme qui a pour objectif d’améliorer les conditions de vie des femmes, des paysans, des travailleurs et de créer des emplois pour les jeunes.

Mais mon serment personnel et mon engagement vis a vis de tous, est d'épargner le maximum de vies humaines.

C’est pourquoi je fais preuve de patience et je déploie tous les efforts pour éviter des souffrances supplémentaires à la population.

A cet égard, je salue le concours efficace de Monsieur le Premier Ministre Guillaume Kigbafori Soro et du Gouvernement, qui ont pris des mesures urgentes pour faire face à cette situation inédite.

Chers compatriotes,
Chers frères et chères sœurs,

L’année 2011 sera celle de la rupture avec les dix années de souffrance, de pauvreté, de mort et d’assassinats.

Oui, 2011 nous donnera l’occasion d’oublier ce passé récent fait de désordre et de déchirement.
Nous allons sceller un nouveau pacte de fraternité et de solidarité. Nous allons réaffirmer notre volonté de vivre ensemble en frères et sœurs, avec tous ceux qui ont choisi de venir vivre avec nous sur la terre ivoirienne.

Dans ce nouveau contrat d’amour et de fraternité, en ma qualité de Chef de l’Etat, Président de chacun et de chacune de vous, de vous tous, je vous invite à pratiquer les vertus fondamentales que nous a enseignées le Président Félix Houphouët-Boigny : le pardon et la paix dans notre comportement de tous les jours.

Avec ces dispositions spirituelles et morales, nous ferons reculer l’incompréhension et la discorde pour nous tourner résolument vers un avenir de paix, de concorde et de prospérité.
2011 marquera le retour de la Côte d’Ivoire dans le concert des Nations et nous serons à nouveau fiers d’être ivoiriens.

A tous, je souhaite que cette année soit, avec l’aide de Dieu, une année de paix, de réconciliation, et de reconstruction de notre chère Côte d’Ivoire.

Bonne et heureuse année 2011 !
Vive la Côte d'Ivoire.

Côte d'Ivoire: Laurent Gbagbo recrute Roland Dumas et Jacques Vergès

ABIDJAN — L'ancien ministre Roland Dumas et l'avocat Jacques Vergès, vont défendre Laurent Gbagbo, chef d'Etat ivoirien contesté et ont lors de leur visite jeudi à Abidjan dévoilé leur stratégie: feu sur la France et la "fraude".

Arrivés un peu plus d'un mois après l'éclatement de la crise née de la présidentielle du 28 novembre, l'ex-ministre socialiste des Affaires étrangères et le sulfureux ténor du barreau ont été reçus pendant environ une heure et demie par M. Gbagbo au palais présidentiel.

A la sortie, Jacques Vergès, 85 ans, connu pour avoir défendu l'auteur d'attentats vénézuélien Carlos ou le dictateur serbe Slobodan Milosevic, a défendu l'homme fort d'Abidjan.

M. Gbagbo "est devenu un symbole" car il "représente une Afrique nouvelle, une Afrique qui ne s'incline pas", "et c'est ça qui est intolérable pour les dirigeants français", a-t-il lancé devant la presse.

Roland Dumas, 88 ans, a expliqué que les deux avocats allaient "s'occuper" de la crise post-électorale. "Nous allons faire un Livre blanc et puis nous allons prendre la défense des autorités en place".

"Plus nous avançons, (...) plus nous savons qu'il y a eu des fraudes au deuxième tour des élections", a-t-il souligné.

Selon l'ancien ministre, reprenant le discours du camp Gbagbo, elles sont survenues "dans des secteurs contrôlés" par Alassane Ouattara, reconnu président sur le plan international mais dépourvu de l'essentiel des leviers du pouvoir et retranché dans un hôtel d'Abidjan.

Une grande partie de la communauté internationale, notamment l'ex-puissance coloniale française, appelle Laurent Gbagbo, proclamé élu par le Conseil constitutionnel, à céder la présidence à son rival, déclaré vainqueur par la commission électorale. La crise post-électorale a été marquée par de graves violences, qui ont fait 179 morts depuis la mi-décembre selon l'ONU.

En fin de journée, les deux avocats se sont rendus à l'hôpital militaire d'Abidjan auprès des blessés.

Bandages, bras dans le plâtre: ces jeunes gens ont été présentés comme des victimes d'une patrouille de l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci) lors d'un incident mercredi dans le quartier populaire d'Abobo (nord).

Roland Dumas et Jacques Vergès étaient conduits par une avocate de choc de Laurent Gbagbo, la présidente des "femmes patriotes", Geneviève Bro Grébé.

L'Onuci, dont M. Gbagbo veut le départ, "a poussé le bouchon très loin, jusqu'à aller tirer sur des personnes aux mains nues", a-t-elle accusé, promettant des "suites judiciaires".

La télévision d'Etat RTI, contrôlée par le régime Gbagbo, ainsi que des journaux qui lui sont favorables ont affirmé que la patrouille avait tiré sur une foule et blessé des civils.

La mission onusienne a réfuté avoir tiré sur la foule et évoqué des tirs de sommation alors que ses Casques bleus étaient encerclés. Elle a exprimé "son indignation devant les manoeuvres de la RTI destinées à inciter une partie de la population à la haine".

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Israël/Cisjordanie : deux populations séparées et inégales

Source / auteur :

Human rights watch

mis en ligne jeudi 30 décembre 2010 par jesusparis


Les politiques israéliennes en Cisjordanie sont sévèrement discriminatoires à l’encontre des résidents palestiniens, les privant de produits de première nécessité tout en permettant aux colonies juives de jouir d’un confort de luxe, a déclaré Human Rights Watch dans un rapport publié aujourd’hui. Le rapport recense des pratiques discriminatoires non justifiées par des motifs sécuritaires ou d’un autre type, et demande à Israël non seulement de démanteler les colonies de peuplement conformément à ses obligations légales internationales, mais aussi de mettre fin aux violations des droits des Palestiniens.

Le rapport de 166 pages, intitulé « Separate and Unequal : Israel’s Discriminatory Treatment of Palestinians in the Occupied Palestinian Territories » (« Séparés et inégaux : Le traitement discriminatoire des Palestiniens par Israël dans les territoires palestiniens occupés ») montre comment Israël a établi un système de traitement des populations de la Cisjordanie à deux niveaux dans les larges zones où le gouvernement exerce un contrôle sans partage. Le rapport est basé sur des études de cas comparant le traitement âprement différent réservé aux colonies de peuplement et aux communautés palestiniennes les jouxtant. Le rapport appelle les États-Unis, les États membres de l’UE et les entreprises travaillant dans les zones d’implantation à éviter de soutenir toute politique de peuplement israélienne qui est intrinsèquement discriminatoire et contraire au droit international.

« Les Palestiniens sont victimes de discrimination systématique du seul fait de leur race, de leur origine ethnique et de leur nationalité d’origine. Ils sont privés d’électricité et d’eau, d’écoles et de routes tandis que, tout près, des colons juifs jouissent de tous ces avantages fournis par l’État », a déclaré Carroll Bogert, Directrice générale adjointe chargée des relations extérieures à Human Rights Watch. « Alors que les colonies israéliennes prospèrent, les Palestiniens vivent sous contrôle israélien dans des conditions d’un autre temps, non seulement séparés, non seulement inégaux, mais parfois même évincés de leurs terres et de leurs maisons. »

Le rapport constate qu’en rendant leurs communautés pratiquement inhabitables, les politiques discriminatoires d’Israël ont souvent pour résultat de forcer les Palestiniens au départ. Selon une enquête de juin 2009 dans des foyers de la « zone C », zone qui couvre 60 % de la Cisjordanie et qui est sous contrôle exclusif d’Israël, et dans des foyers de Jérusalem-Est, annexé unilatéralement par Israël, 31 % des résidents palestiniens ont été déplacés depuis 2000.

Human Rights Watch a étudié la zone C et Jérusalem-Est et observe que le système à deux niveaux en vigueur, d’un côté génère une manne d’avantages financiers et un soutien généreux aux travaux d’infrastructure pour encourager la migration de colons et, de l’autre, mesure chichement aux communautés palestiniennes les services de base, entrave délibérément leur croissance et contraint ses habitants à de pénibles conditions d’existence. Une telle différence de traitement fondée sur la race, l’ethnie, l’origine nationale, sans être strictement adaptée à des objectifs légitimes, viole l’interdiction fondamentale de toute forme de discrimination selon le droit relatif aux droits humains.

Les politiques israéliennes régissent de nombreux aspects de la vie quotidienne des Palestiniens vivant dans la zone C et à Jérusalem-Est. L’expropriation des terres des Palestiniens et leur attribution aux colonies de peuplement et à leurs infrastructures, le déni d’accès aux routes vers les terres agricoles, le refus d’accès à l’électricité et à l’eau, le rejet des permis de construire pour des logements, des écoles, des cliniques et des infrastructures, la démolition de maisons et d’entière zone d’habitation sont autant de brimades discriminatoires infligées aux Palestiniens, observe Human Rights Watch. Ces mesures ont limité l’expansion des villages palestiniens et rendu la vie très difficile aux résidents, notamment en limitant leur accès aux soins médicaux.

A l’opposé, Israël promeut et encourage l’expansion des colonies juives dans la zone C et à Jérusalem-Est, en utilisant souvent des terres et d’autres ressources dont les Palestiniens ne disposent pas. Le gouvernement israélien incite à l’implantation de colonies par de nombreux moyens : aides au logement, à l’éducation, subventions à des travaux d’infrastructure, comme des routes toute spécialement construites. Ces avantages ont conduit à l’expansion rapide et continue des colonies de peuplement, dont la population est passée d’environ 241 500 habitants en 1992 à environ 490 000 en 2010, Jérusalem-Est compris.

« Tandis que les décideurs politiques israéliens se mobilisent pour la "croissance naturelle" des colonies illégales, ils étranglent les communautés palestiniennes installées de longue date, interdisent aux familles d’agrandir leurs maisons et rendent la vie invivable aux populations », a observé Carroll Bogert. « Les politiques israéliennes relatives aux implantations sont injustes et constituent un obstacle majeur à la capacité des Palestiniens à mener une vie normale. »

Jubbet al-Dhib, un village de 160 habitants au sud de Bethléem, fondé en 1929, est l’une des communautés palestiniennes étudiées par Human Rights Watch dans son rapport. Le village n’est souvent accessible qu’à pied parce que son seul lien avec une route en dur est une piste cahoteuse de 1,5 km. Les enfants de Jubbet al-Dhib se rendent à pied dans les écoles d’autres villages car leur propre village n’a pas d’école. Jubbet al-Dhib n’a pas l’électricité. Les autorités israéliennes ont rejeté de nombreuses demandes de connexion à leur grille. Elles ont également rejeté un projet financé par des bailleurs de fonds pour éclairer les rues du village avec des panneaux solaires. Les habitants du village doivent consommer la viande et le lait le jour même, faute de réfrigération, et s’alimentent souvent de conserves. Les villageois s’éclairent à la chandelle ou avec des lampes à pétrole et, quand ils ont les moyens d’acheter de l’essence, ils font tourner un petit groupe électrogène.

A environ 350 mètres se trouve la communauté juive de Sde Bar, fondée en 1997. La colonie d’environ 50 personnes est reliée par une bretelle asphaltée à une autoroute flambant neuve vers Jérusalem, dont le coût est estimé à plusieurs millions de dollars : c’est la « Lieberman Road » ; elle contourne les villes, les bourgs et les villages palestiniens comme Jubbet al-Dhib. Sde Bar a une école secondaire mais les adolescents de Jubbet-Dhib ne peuvent pas s’y inscrire. Les colonies sont des zones militaires où l’ont ne peut entrer qu’avec un permis spécial délivré par les militaires. Les résidents de Sde Bar, comme les habitants de toutes les villes israéliennes, ont l’électricité et jouissent de tout le confort moderne. Les habitants de Jubbet-Dhib le constatent de leurs maisons quand vient la nuit.

« Les enfants palestiniens dans les zones sous contrôle israélien étudient aux chandelles et voient les fenêtres des colons éclairées à l’électricité », a commenté Carroll Bogert. « Soutenir que l’on prive les enfants palestiniens de l’accès aux écoles, à l’eau ou à l’électricité pour des motifs sécuritaires est absurde. »

Dans la plupart des cas dans lesquels Israël a reconnu que les Palestiniens subissent un traitement différent - par exemple quand un écriteau qui dit « colons seulement » leur interdit l’accès à une route - le gouvernement a affirmé que de telles mesures sont nécessaires pour protéger les colons juifs et d’autres Israéliens victimes d’attaques périodiques par des groupes armés palestiniens. Toutefois aucun motif sécuritaire ou autre motif légitime ne peut justifier l’ampleur de la différence de traitement réservé aux Palestiniens, comme le refus des permis pour améliorer ou construire des maisons, des écoles, des routes et des citernes, ainsi que l’a souligné Human Rights Watch.

En outre, le gouvernement israélien, quand il prend des mesures pour sa sécurité, agit souvent comme si tous les Palestiniens constituaient une menace en raison de leur race, de leur ethnie et de leur origine nationale, plutôt que de circonscrire les restrictions à des individus présumés dangereux. L’interdiction légale de la discrimination proscrit les restrictions indifférenciées d’une telle portée.

« Le monde a convenu il y a bien longtemps de l’inanité des arguments justifiant le traitement différent d’un groupe de personnes en raison de leur race, de leur ethnie ou de leur origine nationale », a déclaré Carroll Bogert. « Le moment est venu pour Israël de mettre fin à ses pratiques discriminatoires et de cesser de réserver aux Palestiniens sous son contrôle un traitement nettement inférieur à celui réservé aux résidents juifs dans la même zone. »

La plus haute juridiction d’Israël a jugé que certaines mesures contre les citoyens palestiniens d’Israël étaient illégales parce qu’elles étaient discriminatoires. Cependant, Human Rights Watch n’a pas connaissance qu’un tribunal ait jugé discriminatoires envers les Palestiniens les agissements d’Israël en Cisjordanie, bien qu’ils aient été présentés comme tels dans un certain nombre d’affaires.

Human Rights Watch affirme que les pratiques discriminatoires d’Israël sont suffisamment flagrantes pour que les pays bailleurs de fonds évitent urgemment de contribuer à toute violation du droit international provoquée par les implantations, voire d’être complice de telles violations. Ces pays doivent prendre des mesures significatives pour inciter le gouvernement israélien à respecter ses obligations, a déclaré Human Rights Watch.

Human Rights Watch réitère sa recommandation aux États-Unis, un pays qui verse 2,75 milliards de dollars d’aide à Israël chaque année, de suspendre cette aide d’un montant équivalant aux subventions d’Israël en faveur des colonies de peuplement, estimées, selon une étude de 2003, à 1,4 milliards de dollars. De même, sur la base de nombreux rapports qui établissent que les organisations américaines exonérées d’impôt subventionnent substantiellement les colonies de peuplement, le rapport demande instamment au gouvernement américain de vérifier que ces exonérations fiscales sont compatibles avec l’obligation souscrite par les États-Unis de veiller au respect du droit international qui proscrit notamment la discrimination.

Human Rights Watch demande à l’Union européenne qui est un marché d’exportation de première importance pour les produits des colonies de peuplement, de s’assurer qu’elle n’encourage pas l’exportation de tels produits par le biais de tarifs préférentiels, et d’identifier les cas où la discrimination contre les Palestiniens a pu contribuer à la production de certaines marchandises. Par exemple, le rapport montre comment les cultures d’exportation des colonies de peuplement, irriguées par des puits forés par les Israéliens, assèchent les puits palestiniens voisins, ce qui limite la capacité des Palestiniens à cultiver leurs propres terres, voire leur accès à l’eau potable.

Le rapport décrit également comment des entreprises contribuent ou bénéficient directement de la discrimination envers les Palestiniens, par exemple grâce à des activités commerciales sur des terres qui ont été illégalement confisquées à des Palestiniens au profit des colons, sans compensation. Ces entreprises bénéficient également de subventions du gouvernement israélien, d’abattements fiscaux, d’un usage privilégié des infrastructures, de permis et de canaux d’exportation. Human Rights Watch appelle les entreprises à s’informer sur toute pratique constituant une violation de droits, à empêcher de telles violations et à diminuer leur impact, notamment en mettant fin à toutes les opérations qui ne peuvent pas être séparées des pratiques discriminatoires israéliennes.

« La discrimination du type de celle pratiquée quotidiennement en Cisjordanie devrait être inadmissible dans tout lieu », a conclu Carroll Bogert. « Les gouvernements étrangers tout comme les entreprises internationales dont la réputation risque d’être ternie par les pratiques illégales du gouvernement israélien devraient identifier leurs propres politiques et actions qui soutiennent ces pratiques, et y mettre fin. »

La titrisation de la politique gouvernementale


mis en ligne jeudi 30 décembre 2010 par jesusparis


Si la doctrine libérale a longtemps prôné, au nom du « laisser-faire », la défiance envers l’État et la réduction du périmètre de son intervention, la logique gouvernementale du néo libéralisme est, elle, fort différente : s’affirmant soucieuse de redonner son crédit à la volonté politique, elle s’inspire en réalité des moyens dont usent les entreprises pour susciter la « confiance » des marchés - quitte à laisser les objectifs et indicateurs propres à mettre en scène l’efficacité gouvernementale définir les priorités de l’action publique.

Protecteurs sourcilleux de la bonne humeur des investisseurs, les gouvernements néolibéraux ne se bornent pourtant pas à servir les intérêts des gestionnaires de capitaux. Sans doute ne manquent-ils jamais de faciliter l’irrigation de marchés financiers avides de liquidités ni d’assurer la socialisation de chacune de leurs défaillances. Toutefois, non contents de pourvoir aux conditions de reproduction d’une gouvernance entrepreneuriale axée sur l’augmentation rapide de la valeur actionnariale, ils n’ont pas tardé à comprendre que des techniques destinées à susciter des anticipations optimistes ne leur étaient pas moins utiles qu’à leurs protégés du secteur privé. Aussi les ont-ils bientôt adoptées pour leur propre compte.

Telle est bien la portée de la « nouvelle gestion publique » (New Public Management), qui informe la pratique gouvernementale et administrative des démocraties néolibérales. Censé moderniser l’État en y transposant la technologie managériale élaborée dans les branches réputées les plus « performantes » du secteur privé, cet art de gouverner se propose d’appliquer au secteur public les méthodes des dirigeants d’entreprises engagés dans la valorisation de leur titre auprès des acheteurs d’actifs. Pour sensibiliser les représentants de l’État à leurs nouvelles priorités, ses adeptes appellent à opérer une claire séparation des compétences entre le politique et l’administratif : alors qu’au premier revient la triple responsabilité de fixer des objectifs réputés précis parce que chiffrés, de s’en porter garant auprès des électeurs et d’en déléguer l’exécution au second, les administrations sont quant à elles astreintes à des contraintes budgétaires et à une obligation de résultat, mais en revanche libres de gérer les moyens dont elles disposent pour atteindre les fins qui leur sont fixées.

Aux yeux de ses admirateurs, ce partage des attributions est gage de gestion efficace mais aussi d’éthique, au sens où il responsabilise l’ensemble des agents de la puissance publique. Tel serait en particulier le mérite des objectifs chiffrés annoncés par le pouvoir politique et réclamés par lui aux divers services administratifs : car des gouvernants littéralement comptables de leurs engagements perdraient la faculté de se payer de mots, tandis que des agents de l’administration sommés de fournir des preuves mesurables de leur efficacité n’auraient plus le loisir de se dérober à leur tâche.

Pour leur part, les critiques antilibéraux de l’alignement du service public sur les techniques de gestion entrepreneuriale y dénoncent à la fois la prémisse de nouvelles privatisations — car une fois les fonctionnaires devenus des sous-traitants soucieux de rentabiliser leur activité, rien ne s’oppose plus à ce que celle-ci soit financée par des fonds privés — et l’avancée de la marchandisation de tous les rapports sociaux — puisque les « bénéficiaires » de la nouvelle gestion publique, c’est-à-dire les usagers des services publics, sont désormais traités comme de simples clients. Du point de vue de ses adversaires, la réforme managériale de l’État relèverait donc de l’ultralibéralisme.

S’il est manifeste que le renforcement du contrôle citoyen et la qualité des services rendus par l’administration ne caractérisent guère le bilan des gouvernements néolibéraux, pour autant, ceux-ci ne se distinguent pas toujours par le souci de réduire le périmètre de l’État et encore moins par la volonté de limiter leur propre pouvoir d’intervention. Bien au contraire, on peut affirmer qu’à l’âge de la mondialisation, la principale hantise des dirigeants d’États-nations réside dans le sentiment d’insignifiance croissante qui accompagne l’exercice de leur charge. Aussi leur principale préoccupation consiste-t-elle sinon à conjurer le déclin graduel de leur puissance, du moins à le dénier en optimisant la représentation de leur pouvoir résiduel.

Or, c’est bien à ce besoin pressant de mettre en scène l’efficacité d’un gouvernement que répond l’importation de la technologie néolibérale dans le domaine de l’action publique. Plier celle-ci à la logique de la valeur actionnariale consiste en effet à soutenir le crédit de l’exécutif en dirigeant ses représentants vers des missions définies pour produire des résultats chiffrables mais aussi susceptibles de connaître une évolution ascendante rapide et relativement aisée à obtenir. Autrement dit, la nouvelle gestion des pratiques gouvernementales vise moins à restreindre le domaine d’intervention de l’État qu’à redéployer son interventionnisme vers des activités immédiatement valorisantes du point de vue de la manifestation de sa souveraineté. Reste que pour assurer ce redéploiement de l’action publique vers des missions gratifiantes, deux conditions doivent être satisfaites : il faut d’une part que les gouvernants disposent de modes d’évaluation propices à l’affichage de résultats probants et d’autre part qu’ils sachent choisir les terrains où la souveraineté étatique demeure capable de s’illustrer.

Afin de focaliser l’attention de leurs administrés sur des problèmes adaptés aux performances qu’ils sont en mesure d’afficher, les adeptes de la nouvelle gestion publique vont largement répliquer les procédés dont use le néolibéralisme entrepreneurial pour entretenir la foi des investisseurs dans la définition boursière de la valeur d’une entreprise. Ainsi les experts mobilisés pour cautionner l’action gouvernementale sont-ils investis d’un rôle semblable à celui que jouent les agences de notation : comme ces dernières, ils sont avant tout affectés à la délimitation du champ de l’évaluation. À travers les audits qui leur sont officiellement demandés, il leur appartient en effet d’attester — ou mieux encore de présupposer — que les problèmes rencontrés par la population sont bien ceux qui permettent aux gouvernants d’escompter des résultats conformes aux objectifs annoncés.

Quant aux indicateurs de performances destinés à accréditer l’efficacité des dirigeants, leur construction répond au même souci que les mécanismes de dispersion des risques financiers, à savoir celui de minimiser les probabilités d’inadéquation entre les chiffres prévus et obtenus. Telle est par exemple la raison d’être des quotas d’étrangers à expulser, dont la publication annuelle constitue le centre de gravité de la politique française d’immigration : tâches relativement faciles à accomplir, l’interpellation et l’éloignement d’immigrés en situation irrégulière permettent à l’administration d’honorer des commandes de plus en plus « ambitieuses » de la part du gouvernement et, ce faisant, de donner l’image d’un État performant. Il en va de même du taux d’élucidation des délits constatés qui organise le travail des commissariats de police soumis aux exigences de la nouvelle gestion publique : en agrégeant indifféremment les affaires réclamant de longues enquêtes et les infractions où le constat et la résolution sont simultanés — arrestations de sans-papiers ou de possesseurs de cannabis, outrages à agents de la force publique — ce ratio global est particulièrement bien adapté à l’illustration d’une efficacité policière mesurée par l’aptitude des agents à produire les chiffres demandés par leur hiérarchie (voir l’exemplaire Police emploi, ndr). Dans un autre registre, une politique de la recherche dont les orientations sont déterminées par le souci de l’évaluation bibliométrique des chercheurs relève elle aussi de la quête d’accréditation de l’activisme gouvernemental : car une fois l’excellence scientifique identifiée à une notation qui dépend du nombre des citations d’un auteur — y compris par lui-même — dans un ensemble limité de revues, il suffit aux pouvoirs publics de réserver leurs allocations aux laboratoires « bibliométriquement » performants pour se flatter de promouvoir la contribution de leur pays à la science.

Enfin, les bonus, stock-options et autres incitations à l’esprit de corps entrepreneurial dont bénéficient les salariés du privé trouvent pareillement leur pendant du côté du néolibéralisme gouvernemental. Afin d’impliquer les agents de l’administration dans la mise en valeur de la politique menée par leurs supérieurs hiérarchiques, ceux-ci tendent en effet à indexer les rémunérations que perçoivent les fonctionnaires sur leur capacité à produire les statistiques qui leur sont commandées.

Une fois parés d’experts agréés, d’indicateurs fiables et de subordonnés intéressés aux résultats de leur service, les dirigeants nationaux rompus aux techniques de la nouvelle gestion publique doivent encore choisir leurs terrains d’élection. Autrement dit, il leur appartient de discerner les domaines où la souveraineté étatique demeure capable d’engendrer des anticipations haussières de ceux où elle est condamnée à décevoir des électeurs conçus sur le modèle des investisseurs impatients et distraits qui peuplent les marchés financiers. Car, de même qu’elle détourne les entreprises des activités industrielles et commerciales peu favorables à l’élévation rapide du prix de leur titre, la gouvernance néolibérale conduit les responsables politiques qui s’approprient ses principes à minimiser leur implication dans les fonctions où ils ne peuvent escompter une augmentation immédiate de leur crédit.

Or, à cet égard, la crise que traversent les États-nations concerne avant tout cette prérogative majeure du souverain qu’est le droit de saisir et d’octroyer. Qu’il s’agisse d’ôter la vie ou de gracier, de recruter ou de démobiliser des troupes, de confisquer et de redistribuer des terres ou des capitaux, mais également de lever l’impôt en sorte de dispenser des soins et des services, force est en effet de constater qu’au cours des dernières décennies les marges de manœuvre des dirigeants nationaux n’ont cessé de se réduire. Leur affaiblissement en ces domaines résulte à la fois de la dérégulation des flux financiers, dont on a vu qu’elle dépouille les gouvernements des outils de leur politique budgétaire, du transfert de certaines de leurs compétences vers les organisations supranationales, en particulier depuis la fin de la guerre froide, mais aussi de l’érosion causée à la raison d’État par les juridictions et les conventions internationales. Les régressions de l’État-providence, les responsabilités croissantes des institutions interétatiques et les avancées de l’État de droit tendent toutes à priver les instances nationales d’une part de leur aptitude à prélever et à réallouer des ressources. Pays phare du néolibéralisme du point de vue des prélèvements fiscaux et de l’endettement des particuliers, les États-Unis demeurent en revanche moins affectés que leurs partenaires occidentaux par ce déclin partiel de la souveraineté étatique. Les rôles que jouent leur monnaie et leur armée sur le plan international ont jusqu’ici permis à leur gouvernement de conserver une capacité d’intervention exceptionnelle. Cette position est-elle durable ? Tant l’échec des campagnes militaires menées par l’administration Bush que les nécessaires compromis que la crise de 2008 risque d’imposer aux autorités américaines en matière de politique monétaire — en particulier du fait de leur dépendance à l’égard de la Chine — incitent plutôt à conjecturer une banalisation graduelle de l’exercice du pouvoir souverain aux États-Unis.

D’autant plus persuadés de l’irréversibilité de cette évolution qu’ils comptent parmi ses plus ardents promoteurs, les tenants de la nouvelle gestion publique n’entendent pas moins s’épargner tout aveu d’impuissance. Aussi ne renoncent-ils à s’illustrer par le biais de prélèvements et de réallocations substantiels que pour investir leur quête de résultats valorisants dans l’autre grande dimension du pouvoir souverain, à savoir l’aménagement de l’accès à l’espace et aux institutions relevant de leur administration. C’est en effet dans le registre du tri — effectué sur les candidats à leur hospitalité, à leur assistance et à leurs services — que les dirigeants nationaux s’emploient désormais à conforter leur crédit. Faute de se donner les moyens d’investir massivement dans la protection sociale de leurs administrés, il s’agit pour eux de redéfinir leurs responsabilités prioritaires comme un art de bien choisir leurs protégés.

Pour les gouvernants néolibéraux, l’affichage de la souveraineté passe d’abord par le maniement des critères d’entrée et de circulation au sein de l’espace qu’ils administrent. Soucieux d’occulter les dommages que la libéralisation des mouvements internationaux de capitaux cause à leur propre liberté de taxer et de dépenser, les mandataires de la souveraineté nationale ne peuvent se contenter d’entériner le déclin de leur autonomie au nom de la modernité et de l’ouverture au monde : parce qu’à elle seule une pareille justification tend à entériner le doute sur leurs aptitudes à sévir et à protéger, ils s’ingénient à compenser l’assouplissement de la régulation des flux financiers par un renforcement continu du contrôle des flux migratoires — justifié quant à lui par le besoin de sécurité et de repères identitaires éprouvés par leurs concitoyens.

Si la gestion de l’accès au territoire national figure en première place dans les efforts déployés par les gouvernements néolibéraux pour redorer le blason de la souveraineté étatique, le dispositif qu’elle met en œuvre opère également à l’intérieur des frontières, non seulement par une extension et une intensification des techniques de surveillance de la population administrée mais aussi par une multiplication d’initiatives visant à restreindre ou au contraire à favoriser l’accessibilité des institutions relevant de l’espace public.

Tantôt, en effet, les adeptes de la culture du résultat confient le soutien de leur crédit à l’imposition de nouvelles conditions d’habilitation pour accéder aux services et aux lieux qu’ils administrent. Telle est notamment la portée de la loi française interdisant l’exhibition de signes religieux dans l’enceinte de l’école publique et de la loi belge interdisant le port de la burqa en dehors des espaces privés. Mais tantôt, l’activisme gouvernemental s’exprime au contraire dans des procédures destinées à diversifier les populations susceptibles de bénéficier de certains avantages ou d’occuper certaines positions. En témoignent la volonté affichée par Nicolas Sarkozy de donner à la France des institutions qui reflètent la mixité et la diversité de sa population, et plus généralement le développement des dispositions antidiscriminatoires et de la notion d’égalité de traitement dans le droit européen. Un gouvernement n’a certes pas besoin d’être néolibéral pour faire cohabiter des dispositions dont les unes restreignent explicitement l’accessibilité de l’espace public, tandis que les autres s’ingénient à combattre les restrictions implicites qui l’affectent. Cependant, l’art de gouverner auquel correspond le néolibéralisme d’État se distingue par l’articulation qu’il opère entre ces deux types d’interventions. Comme dans le cas des croisements entre la dérégulation des flux financiers et la régulation des flux migratoires, c’est une nouvelle fois aux comptes de leur propre modernité et de la protection de leurs administrés que les dirigeants néolibéraux portent respectivement leurs efforts de diversification et les nouvelles discriminations qu’ils instituent.

Moderniser, tout en la sécurisant, l’accessibilité du territoire national et de l’espace public : telle est donc la mission prioritaire dont les gouvernements néolibéraux s’estiment investis et où ils s’ingénient à manifester leur souveraineté. Parce que son accomplissement passe par des mesures de régulation — ou de dérégulation — et de discrimination — ou de diversification — dont les bénéfices politiques escomptés sont immédiats, elle leur permet de compenser le déclin de leur faculté « providentielle » de mener une action de prélèvement et d’octroi dont les bienfaits ne peuvent être attendus qu’à long terme.

En adaptant les missions des agents de l’État aux courbes de résultats à court terme qu’elles sont susceptibles de produire, les dirigeants néolibéraux procèdent bien à une « titrisation » de la politique gouvernementale. Celle-ci se voit en effet soumise aux conditions de valorisation d’un actif dénommé pouvoir souverain dont les cours évoluent quotidiennement sur un marché électoral saturé de spéculations médiatiques.

Sans doute peut-on relativiser l’originalité d’une telle situation en rappelant que la volonté de se faire réélire a toujours poussé les mandataires de la souveraineté populaire à soigner l’image de leur action. Les deux seuls éléments de réelle nouveauté imputables à la période contemporaine résideraient donc d’une part dans les doutes que le personnel politique éprouve à l’égard de sa capacité d’agir, et d’autre part dans le climat de campagne électorale permanente créé par les technologies de l’information continue. Toutefois, même à admettre que les gouvernements néolibéraux se contentent de conformer la démagogie caractéristique des joutes démocratiques aux contraintes imposées par la mondialisation des échanges et l’ubiquité des médias, il n’en demeure pas moins que pour s’acquitter de ce travail d’actualisation, ils s’appuient sur un dispositif semblable à celui qui soutient la gouvernance entrepreneuriale dont ils sont par ailleurs les promoteurs.

L’importance que les praticiens du néolibéralisme gouvernemental accordent à l’accréditation de leur effectivité permet aussitôt de comprendre ce qui les amène à verser dans l’autoritarisme. En effet, de même que des dirigeants d’entreprises obsédés par les mouvements d’humeur des marchés n’hésitent pas à prendre toutes les mesures nécessaires pour étouffer la voix des « lanceurs d’alerte » dont les interventions menacent d’affecter l’image de marque de leur compagnie, pour leur part, les gouvernants mus par le souci de leur propre valeur actionnariale tendent à considérer que l’expression des libertés publiques n’a plus cours dès lors qu’elle risque de porter atteinte à leur crédit.

Peu respectueuse des valeurs du libéralisme politique, la culture néolibérale du résultat ne témoigne pas non plus d’une grande fidélité envers le libéralisme économique : ses partisans sont notamment loin de considérer que la mission principale d’un gouvernement consiste à assurer l’expansion continue du secteur privé. Sans doute les privatisations figurent-elles parmi les mesures auxquelles les dirigeants néolibéraux recourent régulièrement. Toutefois, elles ne s’imposent à eux que dans les domaines où la gestion publique ne peut escompter de réussites rapidement affichables. En revanche, là où les agents de l’État se montrent les mieux à même de conforter le crédit de l’exécutif, le néolibéralisme gouvernemental s’accommode fort bien de leur présence, et même de l’extension de leurs responsabilités. De son point de vue, privatiser n’est donc pas un objectif stratégique, mais seulement un moyen de se délester d’activités peu propices à la présentation rapide et sûre de performances gratifiantes. À la différence des libéraux et des socialistes, les dirigeants néolibéraux ne considèrent pas que la répartition de la propriété entre l’État et le secteur privé constitue l’enjeu déterminant du combat politique. Selon eux, il s’agit plutôt d’une question dont la réponse doit être déterminée au cas par cas, en fonction des besoins de mise en scène de leur efficacité. Davantage que le prisme de la privatisation, c’est bien la logique de l’externalisation qui rend compte de la logique néolibérale : de même que les grandes entreprises cherchent à sous-traiter tout ce qu’elles ne peuvent légitimement rentabiliser, leurs émules gouvernementaux usent de la cession de capital et de la délégation de service public pour se soustraire aux tâches les moins appropriées au soutien de leur réputation.

Michel Feher.
Philosophe, il prépare un essai, S’apprécier. Pourquoi et comment épouser la condition néolibérale, à paraître aux Éditions La Découverte.

Cet article est paru dans Vacarme n°53, été 2010 http://www.vacarme.org/article1918.html

WikiLeaks - Le régime cubain craint plus les blogueurs que les dissidents « traditionnels »

ans un télégramme du 15 avril 2009, les dissidents sont décrits comme formant « un mouvement aussi vieux et déconnecté de la vie quotidienne des Cubains que le gouvernement lui-même. » Jonathan Farrar, de la Section des intérêts américains (US Interest Section Havana), déclare ainsi que les dissidents traditionnels n’ont pas de « résonance parmi le Cubain moyen. » Cependant, ils seraient la « conscience de Cuba » et méritent le soutien des Etats-Unis.

Un câble du 20 décembre 2009 souligne a contrario que les blogueurs sont une « menace beaucoup plus sérieuse » pour le gouvernement cubain. Les Etats-Unis voient dans la dénonciation des arrestations et mauvais traitements subis par les Net-citoyens cubains un outil politique précieux, parce qu’ils représentent « un groupe qui frustre et effraie le gouvernement cubain comme aucun auparavant. »

« La popularité des blogueurs, qui se développe comme un champignon, et leur longueur d’avance technologique sur les autorités causent beaucoup de maux au régime ».

Et le diplomate américain de conclure : « Nous croyons que la jeune génération de dissidents « non traditionnels » a de grandes chances d’avoir un impact important, sur le long terme, dans un Cuba post-Castro. »

Un autre télégramme avance que « les jeunes, dont font partie les blogueurs (…) sont meilleurs que les dissidents traditionnels pour prendre des positions « contestataires » ayant un grand pouvoir d’attraction sur la population ».

Tunisie: le gouverneur de Sidi Bouzid limogé, l'opposition veut des réformes

TUNIS (AFP)

AFP/Archives

Des forces de l'ordre face aux manifestants à Sidi Bouzid le 27 décembre 2010

Le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali a limogé jeudi le gouverneur de la région de Sidi Bouzid, en proie à des troubles sociaux, et l'opposition a appelé à des réformes profondes.

Ce limogeage intervient à la suite de troubles sociaux qui ont secoué la Tunisie depuis quelques jours, après la tentative de suicide d'un jeune vendeur ambulant de légumes et de fruits dans la région de Sidi Bouzid (centre-ouest).

Le gouverneur de Sidi Bouzid, Mourad Ben Jalloul a été remplacé par Abdelhamid Aloui, selon l'agence gouvernementale TAP.

Deux autres gouverneurs ont été aussi remplacés. Celui de Jendouba (nord-ouest) Faouzi Ben Arab dont le poste a été confié à Mohamed Ben Abdallah et le gouverneur de Zaghouan (nord-est) Kamel Labassi a été remplacé par Lotfi Chouba.

Aucune précision officielle n'a été donnée sur les raisons des remplacements des gouverneurs de Jendouba et Zaghouan.

Ces changements ont eu lieu au lendemain d'un remaniement ministériel partiel touchant les ministères de la Communication, du Commerce et de l'artisanat ainsi que le ministère des Affaires religieuses.

AFP/Archives

Manifestation en soutien aux habitants de Sidi Bouzid à Tunis le 27 décembre 2010

Le départ du ministre de la Communication, Oussama Romdhani, qui a dirigé depuis 1995 le secteur de la communication en tant que PDG de l'Agence tunisienne de la communication extérieure (Atce), est le fait le plus notable de ce remaniement.

Son poste a été confié à Samir Laabidi, ministre de la Jeunesse et du Sport.

Dans le cadre de ce remaniement ministériel, Kamel Omrane a été nommé ministre des Affaires religieuses, en remplacement de Boubaker El Akhzouri.

Slimane Ourak a été nommé ministre du Commerce et de l'Artisanat en remplacement de Ridha Ben Mosbah et Abdelwaheb Jmal a été nommé Secrétaire d'Etat auprès du ministre des Affaires étrangères chargé des Affaires européennes.

Des formations de l'opposition tunisienne ont plaidé jeudi pour des "solutions radicales" pour remédier à "une crise sociale profonde" à la suite des troubles dans la région de Sidi Bouzid.

Au cours d'une conférence de presse dans la capitale tunisienne, l'Alliance pour la citoyenneté et l'égalité, regroupant des partis d?opposition de gauche et des indépendants en Tunisie, a estimé que les troubles dans la région de Sidi Bouzid "illustrent une crise sociale grave, loin d'être conjoncturels ou de cas isolés qui nécessitent des solutions radicales".

"La poursuite du mouvement de protestation et son extension dénotent une crise sociale et une impasse dans laquelle a abouti la politique qui a échoué à répondre aux attentes légitimes de toutes les régions et catégories sociales pour un développement global et une répartition équitable de la richesse nationale", affirment les opposants.

Mustapha Ben Jaâfar, chef du Forum démocratique pour les libertés et le travail (Fdlt) a appelé le gouvernement à "la révision des choix politiques, économiques et sociaux".

Outre la Fdlt, l'Alliance pour la citoyenneté et l'égalité, réunit le Mouvement Ettajdid (Renouveau), le Parti du travail patriotique et démocratique, le Courant pour la réforme et le développement et des militants indépendants.

Les manifestations de protestation se sont étendues ces derniers jours dans plusieurs villes de la Tunisie, dont la capitale.

Les plus violentes ont eu lieu dans la région de Sidi Bouzid, faisant un mort, des blessés et des dégâts matériels importants, selon le ministère de l'Intérieur.

Transferts PSG: Et si Ronaldinho revenait ?

sports.frPSG: Et si Ronaldinho revenait ?Annoncé depuis plusieurs jours au Gremio Porto Alegre, Ronaldinho pourrait finalement rejoindre un autre de ses anciens clubs: le Paris Saint-Germain. Selon Mediaset, le joueur de l'AC Milan, cantonné au banc de touche en Lombardie, pourrait compenser l'éventuel départ de Stéphane Sessegnon. Mais les dirigeants rossoneri ne lâcheront pas l'international brésilien pour moins de huit millions d'euros.

Côte d`Ivoire: Gbagbo dénonce un rôle moteur de la France contre son pays

AFP


Le
© AP
Le président sortant de Côte d`Ivoire, Laurent Gbagbo, dénonce "l`ingérence" de la France dans les affaires ivoiriennes et le rôle moteur de l`ancienne puissance coloniale contre son pouvoir, dans un
entretien à la chaîne Euronews dont des extraits ont été diffusés jeudi.

Cette interview a été réalisée le 28 décembre à Abidjan et sera diffusée dans son intégralité vendredi après-midi.

"Elle (la France) s`ingère de la plus mauvaise manière. Toutes les résolutions qui ont lieu sur la Côte d`Ivoire à l`ONU, c`est la France qui écrit le +draft+ (version préliminaire). Nous l`avons contesté plusieurs fois", affirme M. Gbagbo.

"L`Union Européenne (UE), elle suit la France. Dans les relations entre les grandes puissances aujourd`hui, chacun a sa zone d`influence. Et quand il s`agit des pays francophones d`Afrique noire, quand la France parle, tous les autres suivent", poursuit-il.

Laurent Gbagbo a déjà dénoncé dans un récent entretien à la presse française un "complot" de la France et des Etats-Unis contre son régime.

La communauté internationale a reconnu la victoire de l`opposant ivoirienAlassane Ouattara à la présidentielle contestée du 28 novembre. De son côté Laurent Gbagbo a aussi affirmé l`avoir emportée et refuse de quitter le pouvoir en dépit de nombreuses pressions internationales, de sanctions de l`UE
et d`une menace d`intervention militaire des pays ouest africains.

Interrogé sur les risques de guerre civile, Laurent Gbagbo se veut rassurant, tout en adressant une nouvelle mise en garde à la communauté internationale.

"Je ne crois pas du tout à une guerre civile. Mais évidemment, si les pressions continuent comme elles sont, ce sont elles qui vont pousser à la guerre, à l`affrontement", dit-il.

Il paraît par ailleurs exclure de quitter le pouvoir de son plein gré, affirmant que son départ n`offrirait pas de "garantie que cela va amener la paix".

Jeudi, la situation restait très tendue à Abidjan, en dépit de l`entrée en scène de médiateurs ouest africains qui tentent d`éviter une intervention militaire pour renverser M. Gbagbo.

Les risques d`affrontement demeurent avec la menace des partisans de Laurent Gbagbo de prendre d`assaut à "mains nues" le QG de son rival, Alassane Ouattara, à Abidjan.

Boliviens dressés contre l'essence chère, Morales entre fronde et inflation

LA PAZ (AFP)

AFP

Un manifestant porte une pancarte "Le président Evo Morales ennemi des pauvres" à El Alto le 29 décembre 2010.

Le président bolivien Evo Morales, un des leaders de la gauche radicale latino-américaine, affronte son épreuve sociale la plus tendue à ce jour, avec des grèves et manifestations jeudi contre une hausse des carburants, que l'Etat tente d'amortir en dopant les salaires.

Les principales villes du pays andin ont tourné au ralenti, la circulation quasi-paralysée par une grève des transporteurs, qui rejettent le bond des prix à la pompe -entre 73% et 83%- et les répercutent déjà sur les usagers.

Plusieurs manifestations étaient prévues, à l'appel de syndicats ou groupes sociaux, dont une grande marche à La Paz, où le transport en commun était anémique jeudi matin, a constaté l'AFP. Des camions de l'armée assuraient le transport des habitants à leur travail.

Dans l'immense cité-dortoir d'El Alto jouxtant la capitale et site de l'aéroport international, des habitants avaient bloqué des axes dès mercredi soir et tenaient jeudi des barrages de pneus enflammés.

L'accès à la Place Murillo, siège de la présidence, était coupé par un important cordon de forces de l'ordre.

AFP

Le président bolivien Evo Morales à La Paz le 29 décembre 2010

A Cochabamba, principale ville du centre du pays, des poids lourds postés aux carrefours-clefs paralysaient la circulation. Les médias rapportaient un trafic perturbé dans la capitale économique Santa Cruz (est), à Oruro (ouest) et Potosi (sud).

La mobilisation ponctue quatre jours de grogne sociale depuis la suppression dimanche de subventions d'Etat aux carburants.

Elles maintenaient l'essence et le gazole à des prix artificiellement bas, une "saignée" qui alimentait la contrebande vers le Pérou, le Chili ou le Brésil voisins, selon le gouvernement.

Mais les hausses à la pompe ont suscité des peurs paniques de répercussion sur les denrées de base, dans un pays où 60% environ de la population vit dans la pauvreté.

Dans les rues d'El Alto, le mot "trahison" revenait jeudi sur les lèvres envers le socialiste Morales, porté au pouvoir par les délaissés historiques de la Bolivie, pauvres et Indiens, et réélu triomphalement fin 2009.

Pour les Boliviens, le "gasolinazo", comme ils surnomment le décret "criminel" augmentant le prix de l'essence ("gasolina" en espagnol), va surtout frapper les plus pauvres.

AFP

Manifestation à El Alto le 29 décembre 2010

"Habitants, transporteurs, nous sommes tous unis contre le coup bas de ce gouvernement maudit. Tout a augmenté", enrageait Patricia Coyo, une habitante d'El Alto, menaçante: "On l'a fait monter (au pouvoir) mais on peut aussi bien le faire descendre".

"L'Evo antilibéral et antimarché a disparu, l'Evo néolibéral et soumis aux règles du marché est né", a ironisé l'opposant et ancien vice-président Victor Hugo Cardenas.

Morales a annoncé mercredi soir des mesures pour amortir l'impact, dont une hausse de salaires de 20% pour l'armée, la police, la santé, l'éducation. Il a aussi annoncé une "assurance agricole" pour les paysans pauvres, des primes aux fonctionnaires, une intervention sur certains prix comme le maïs, le riz.

Ces annonces n'ont en rien désamorcé la mobilisation, alors que la puissante Centrale ouvrière bolivienne (COB), évoquait une autre journée d'action lundi.

"Le message du président avait un goût de rien", a dénoncé la Confédération des transporteurs.

Par contre, les annonces alimentent la peur d'une inflation galopante. Morales a reconnu que celle-ci, initialement prévue à 5-6% pour 2010, devrait atteindre 7 à 8%, "peut-être un peu plus".

L'organisation patronale du secteur privé CEPBE a supplié le ministre des Finances et l'entourage de Morales de "lui dire la vérité sur la réalité économique du pays (...) Il n'est pas possible de générer de fortes hausses de salaire, parce qu'il n'y a pas de compétitivité".

L`ONU accuse les fidèles de Gbagbo de l`empêcher d`enquêter sur un charnier

AFP Les forces fidèles au président ivoirien sortant Laurent Gbagbo, qui refuse de quitter le pouvoir,
ont empêché plusieurs fois une mission de l'ONU d'accéder à un village où se trouverait un charnier, ont déclaré jeudi des responsables de l'ONU.
"Notre équipe chargée des droits de l'homme a essayé d'enquêter à la suite d'informations concernant des charniers en plusieurs endroits, notamment à Anyama", a déclaré le porte-parole des soldats de la paix de l'ONU, Nick Birnback.
"Jusqu'à présent, leurs efforts ont été entravés par les fidèles de l'ancien président (Gbagbo), mais ils vont continuer d'enquêter", a-t-il déclaré à l'AFP.
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a été tenu informé de l'état de l'enquête, a déclaré son porte-parole, Martin Nesirky.
La dernière tentative en date de cette mission pour se rendre à Anyama, dans la banlieue d'Abidjan, a échoué mardi devant l'opposition des partisans de Laurent Gbagbo, selon des responsables onusiens, qui indiquent que ces derniers montent la garde autour du village, armés de lance-roquettes.
Le village est peuplé à la fois de fidèles de Laurent Gbagbo et de partisans de son adversaire Alassane Ouattara, déclaré vainqueur de la présidentielle du 28 novembre et soutenu par la communauté internationale et par l'ONU.
L'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci), avait déjà accusé le 23 décembre les Forces de défense et de sécurité (FDS) loyales à Laurent Gbagbo de l'avoir empêché d'enquêter sur l'existence éventuelle de charniers à Abidjan.
La crise post-électorale a été marquée par de graves violences, qui ont fait 179 morts depuis la mi-décembre, selon le dernier bilan de l'ONU.

L'homme qui a trouvé 2.000 euros dans la rue ne recevra pas cette somme

AFP

Présentation de specimens de billets d'euro
Présentation de specimens de billets d'euro Mychele Daniau AFP/Archives

L'homme qui a découvert lundi 2.000 euros en petites coupures, éparpillés dans une rue de Fresnes-sur-Marne (Seine-et-Marne), "n'a aucun titre pour recevoir cette somme", a-t-on appris jeudi de source judiciaire.

Pour l'instant, la somme d'argent, dans le cadre d'une enquête et après une décision du parquet de Meaux, est "en dépôt à la Caisse des dépôts et consignations", dans l'attente "d'identifier son légitime propriétaire", a-t-on expliqué de source judiciaire.

Mais l'homme qui a découvert ces 2.000 euros n'a "aucun titre pour recevoir cet argent", il n'en est "pas propriétaire" et la "règle des un an et un jour", qui s'applique aux "objets trouvés", est "une règle administrative", qui "n'a aucun effet en droit civil", dans lequel nous nous trouvons, a-t-on poursuivi de même source.

L'homme, interviewé par Le Parisien, a déclaré être "déçu": "on est honnête, on va jouer le jeu de la justice et de la loi et finalement, la justice ne nous le rend pas, du coup l'honnêteté ne paie pas", a-t-il regretté.

Israël: l'ex-président Katzav reconnu coupable de viols

TEL-AVIV (AFP)

AFP

Moshe Katsav à la sortie du tribunal le 30 décembre 2010 à Tel Aviv

L'ex-président israélien Moshé Katzav a été reconnu coupable jeudi de deux viols, au terme d'une procédure de plus de quatre ans durant laquelle il s'est posé en victime d'un "lynchage" public.

L'ex-chef de l'Etat, 65 ans, a été reconnu coupable par le tribunal de district de Tel-Aviv de deux viols sur une de ses subordonnées à l'époque où il était ministre du Tourisme dans les années 1990. Il a en outre été reconnu coupable de deux actes indécents, dont un avec usage de la force, et de harcèlement sexuel contre trois de ses employées au ministère du Tourisme puis à la présidence après son élection en 2000.

M. Katzav a d'autre part été reconnu coupable d'entrave à la Justice.

Il risque au minimum huit à ans de prison, la peine devant être prononcée en janvier.

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Des femmes manifestent contre Katzav le 30 décembre 2010 devant le tribunal à Tel Aviv.

Inculpé le 19 mars 2009, M. Katzav avait plaidé l'innocence. Le procès s'est déroulé à huis clos.

L'ex-président, qui peut faire appel devant la Cour suprême, n'a désormais plus le droit de quitter Israël et a été contraint de remettre son passeport aux autorités.

Son avocat Avigdor Feldman a affirmé à la radio son intention de faire appel, estimant que la sévérité du verdict "permettait de soulever le fait que le tribunal a ignoré les preuves".

Vêtu d'un costume gris, l'ex-président a blêmi et murmuré "non, non" à la lecture des attendus du jugement par le président du tribunal, le juge George Kara.

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Moshe Katsav à la sortie du tribunal le 30 décembre 2010 à Tel Aviv

"L'accusé a brouillé les cartes et s'est prêté à une campagne de dénigrement des plaignantes. Si quelqu'un a utilisé le double langage, c'est lui, et ses arguments selon lesquels il avait un alibi se sont effrités" à propos des deux accusations de viols, a encore dit le juge.

"Avec le temps, de nouveaux éléments sont venus étayer ces accusations. Même si celles-ci ont été exprimées tardivement, cela ne prouve pas qu'elles ont été fabriquées. Nous faisons confiance à la plaignante (qui l'a accusé de viol), car son témoignage a été appuyé par des éléments de preuves, et elle a dit la vérité", a poursuivi M. Kara.

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Moshe Katsav le 30 décembre 2010 au tribunal à Tel Aviv

"Quand celle-ci a refusé de répondre à ses avances, l'accusé a commencé à la harceler et à se venger. Son refus a été prouvé. Elle s'est débattue sur le sol, et l'accusé a eu recours à la force ainsi qu'à la violence" tant au ministère du Tourisme que dans un grand hôtel, a précisé le juge.

"C'est un jour triste pour l'Etat d'Israël et ses citoyens, mais le tribunal a adressé aujourd'hui deux messages très clairs sur l'égalité de tous devant la loi et sur le plein droit de chaque femme à disposer de son corps", a commenté le Premier ministre Benjamin Netanyahu, dirigeant du Likoud (droite), le parti de M. Katzav.

Miriam Schler, directrice d'un centre d'aide aux victimes d'agressions sexuelles, a affirmé à l'AFP "espérer que cela enverrait aux victimes le message que même si leur agresseur était un homme très haut placé, le système juridique les protégerait".

Les premières révélations sur le comportement scandaleux de l'ex-président avaient été publiées en 2006, et le procès avait ensuite connu plusieurs rebondissements.

Après des mois d'enquête, les avocats de M. Katzav avaient réussi à conclure un accord de compromis entériné par la Cour suprême, aux termes duquel il ne serait poursuivi que pour "harcèlement sexuel", "actes indécents" et "subornation de témoin", mais pas pour viol.

Mais, se disant victime d'"un ignoble complot" et d'un "lynchage organisé", M. Katzav avait décidé de récuser ce compromis.

Père de cinq enfants et juif pratiquant d'origine iranienne, Moshé Katzav avait démissionné après avoir été suspendu dès janvier 2007 à sa demande.

Il avait été le premier homme politique de droite à accéder aux fonctions essentiellement protocolaires de chef de l'Etat.

Lula doit se prononcer sur l'extradition de Battisti vers l'Italie à quelques heures de la fin de son mandat

Le Point.fr Le président brésilien va se pencher sur le cas de l'ex-militant italien d'extrême gauche, condamné pour meurtres.

Lula doit se prononcer sur l'extradition de Battisti vers l'Italie à quelques heures de la fin de son mandat

En 1993, Battisti a été condamné à la réclusion à perpétuité par contumace en Italie pour quatre meurtres et complicité de meurtres © Vincent Andorra / PhotoPQR/Le Midi Libre

Source AFP

À quelques heures de la fin de son mandat, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva devait se prononcer sur l'extradition de Cesare Battisti, au risque de nouvelles tensions avec l'Italie s'il accordait le droit d'asile à l'ex-activiste d'extrême gauche. Battisti, 56 ans, attendait jeudi dans une prison des environs de Brasilia la décision du chef de l'État qui devrait s'opposer à son extradition, selon la presse. L'ex-activiste est réclamé par l'Italie où il a été condamné en 1993 à la réclusion à perpétuité par contumace pour deux meurtres et complicité dans deux autres assassinats à la fin des années 1970, crimes dont il se dit innocent. Lula devrait communiquer officiellement sa décision jeudi au président de la Cour suprême du Brésil, Cézar Peluso.

Au cours des dernières semaines, Lula a réitéré qu'il prendrait une décision avant de passer le relais à sa dauphine Dilma Rousseff samedi et après avoir examiné le rapport du procureur général du Brésil qui, selon la presse, a rejeté l'extradition. Les plus hauts magistrats brésiliens ont remis en question, en novembre 2009, l'octroi de l'asile accordé à Battisti par le gouvernement brésilien et donné leur feu vert à l'extradition de l'Italien, jugeant que ses crimes n'étaient pas de nature politique. Ils avaient néanmoins laissé le président Lula décider en dernier ressort, et avaient précisé ultérieurement que sa décision devrait respecter le traité d'extradition liant le Brésil et l'Italie.

Autobiographie en prison

Sans attendre, le gouvernement italien et la presse ont déjà vivement réagi. Le ministère des Affaires étrangères a averti que l'Italie envisagerait "toutes les mesures nécessaires pour obtenir le respect du traité bilatéral d'extradition" avec le Brésil. Plus offensif, le ministre de la Défense Ignazio La Russa s'est déclaré prêt à "soutenir des initiatives de boycottage" du Brésil si ce pays n'extradait pas Cesare Battisti. Un "non" de Lula à l'extradition "ne sera pas sans conséquence", a-t-il prévenu. Le président Lula a minimisé les réactions attendues de l'Italie. "Le Brésil est souverain, nous ne craignons pas de représailles italiennes", a-t-il dit, mercredi, à la presse, ajoutant que "chaque pays fait ce qu'il doit faire, et nous avons toujours respecté la décision souveraine d'un autre pays".

La décision du président Lula ne mettra pas forcément fin à la saga judiciaire de Battisti qui a passé plus de la moitié de sa vie derrière les barreaux ou en fuite. L'avocat du gouvernement italien Nabor Bulhoes a déclaré jeudi au quotidien Folha de São Paulo qu'il envisageait, au cas où Battisti bénéficierait de l'asile, de contester cette décision devant la Cour suprême. Battisti a été arrêté dans son pays en 1979, quand il militait dans le groupuscule des Prolétaires armés pour le communisme (PAC). Condamné à douze ans de prison, il s'évade en 1981. Après un passage par le Mexique, il a trouvé refuge en France de 1990 à 2004, bénéficiant de la protection de l'ancien président socialiste François Mitterrand. À Paris, il devient auteur de romans policiers.

Mais, en 2004, le gouvernement de Jacques Chirac change de politique et décide d'extrader Battisti vers l'Italie. Ce dernier s'enfuit alors au Brésil sous une fausse identité. En 2007, il est arrêté à Rio de Janeiro où il vivait depuis trois ans et il est incarcéré près de Brasilia. Dans sa prison, Battisti a écrit son dernier livre, Être un bambou, une autobiographie romancée publiée par une maison d'édition brésilienne.

Six attentats contre des chrétiens à Bagdad: 2 morts, 12 blessés

BAGDAD (AFP)

AFP/Archives

Une chrétienne prie le 19 décembre 2010 devant les photos des victimes d'une attaque contre une église de Bagdad.

Au moins deux chrétiens ont péri et 12 personnes ont été blessées jeudi soir dans six attentats commis en moins de deux heures contre des maisons appartenant à des chrétiens de Bagdad, a annoncé un responsable du ministère de l'Intérieur.

Ces attaques ont été commises à partir de 19H30 (16H30 GMT) dans six quartiers de la capitale irakienne contre une communauté visée à de nombreuses reprises ces deux derniers mois.

L'attaque la plus sanglante a eu lieu dans le quartier d'al-Ghadir, dans le centre de Bagdad, où une bombe artisanale a explosé vers 20H00 (17H00 GMT), tuant deux chrétiens et faisant trois blessés, dont un chrétien, a indiqué à l'AFP ce responsable sous couvert de l'anonymat.

Les autres explosions, toutes dues à des engins artisanaux, n'ont fait aucun mort, mais blessé neuf chrétiens, a-t-il dit.

Abidjan s'enrhume, Ouagadougou éternue

CÔTE D'IVOIRE

La crise politique ivoirienne commence à avoir de graves conséquences sur l'économie du Burkina Faso, constate Le Pays.Le marché des fruits et légumes de Ouagadougou

Le marché des fruits et légumes de Ouagadougou

Quand la Côte d'Ivoire s'enrhume, le Burkina éternue. Il suffit de voir la récession qui frappe les marchands installés aux environs de la gare ferroviaire de Ouagadougou [capitale du Burkina Faso] pour s'en convaincre. Voyageurs, marchands de fruits, gérants de télécentres, restaurateurs, bref, tous ceux qui mènent des activités lucratives au niveau de la gare ferroviaire de Ouagadougou subissent les affres de la crise ivoirienne. Et ce ne sont pas les voyageurs qui diront le contraire. Eux dont certains séjournent à la gare depuis le lundi 27 décembre 2010 dans l'espoir de pouvoir emprunter les rails pour se rendre à Abidjan [capitale économique de la Côte d'Ivoire] où ils résident.

Parmi ces infortunés, Mme Salimata Ouédraogo, âgée d'environ 50 ans. Originaire de Tanwoko dans la commune rurale de Boussouma [Nord du Burkina Faso], Mme Ouédraogo, après son séjour au pays des hommes "intègres" [surnom du Burkina Faso], nourrissait le désir de regagner la Côte d'Ivoire où elle réside depuis quelques années. Mais voilà qu'il n'y a pas de train pour qu'elle puisse s'y rendre. C'est une gare presque déserte que nous avons trouvée dans la journée du mercredi 29 décembre 2010 car certains voyageurs, après avoir été informés de la situation, ont préféré quitter les lieux. De leur côté, les vendeuses essayent tant bien que mal de tenir le coup. Leurs activités sont frappées de plein fouet par cette crise ivoirienne.

"On a des problèmes actuellement à cause de la crise ivoirienne. On n'arrive plus à avoir des fruits et de l'attiéké [plat à base de manioc] comme avant. Le commerce des fruits n'est plus rentable", déclare Bintou Traoré, vendeuse de fruits. Selon ses explications, les prix des produits ont aussi subi une hausse à cause de leur rareté. Elle a précisé que certains s'approvisionnent à partir du Ghana par des camions avec tous les risques que cela comporte. A l'en croire, les vendeuses ont fait deux semaines sans voir arriver le train de marchandises. Mais l'espoir renaît avec l'arrivée le 28 décembre dernier, d'un train de marchandises, soutient-elle. Marie Nikièma, une autre vendeuse de fruits, déplore aussi la situation que vivent les vendeuses.

Pour elle, le commerce des fruits n'est plus fluide. " C'est la misère, les fruits ne viennent plus et quand ils arrivent, on a des problèmes à les écouler parce que leurs prix ont été majorés", fait-elle remarquer tristement. Sans détour, Alizèta Derra, vendeuse de fruits, soutient qu'il n 'y a plus à manger car la vente des fruits est au ralenti. Son vœu le plus cher est que l'on trouve une issue favorable à la crise ivoirienne pour que le transport des marchandises soit régulier. "Si Laurent Gbagbo peut céder le pouvoir à Alassane Ouattara, qu'il le fasse pour que nous ayons la paix", lance-t-elle. " Les marchandises ne viennent plus. On passe le temps à se tourner les pouces parce qu'il n'y a plus de fruits à vendre. C'est Laurent Gbagbo [selon les Nations Unis, le président sortant a été battu lors du scrutin du 28 novembre par Alassane Ouattara] le responsable de cette situation. On doit le faire partir", décrète pour sa part Flore Compaoré.

Russie: Khodorkovski en prison jusqu'en 2017

MOSCOU (AFP)

AFP

L'ex-magnat russe du pétrole Mikhaïl Khodorkovski au tribunal de Moscou le 30 décembre 2010

L'ex-magnat russe du pétrole Mikhaïl Khodorkovski et son associé Platon Lebedev resteront en prison jusqu'en 2017 après avoir été condamnés jeudi à 14 ans de prison à l'issue d'un second procès influencé, selon la défense, par l'homme fort du pays, Vladimir Poutine.

Jugé depuis mars 2009 par un tribunal de Moscou, les deux hommes ont été reconnus coupables par un tribunal moscovite du vol de millions de tonnes de pétrole et du blanchiment de 23,5 milliards de dollars, accusations qu'ils contestent vivement.

Ils resteront en prison jusqu'en 2017, le tribunal ayant pris en compte la peine purgée depuis leur incarcération en 2003 dans le cadre d'une première affaire d'évasion fiscale et d'escroquerie, selon le site internet des défenseurs de l'ex-homme le plus riche de Russie, www.khodorkovsky.ru.

Le juge, Viktor Danilkine, a estimé que les deux hommes devaient être "isolés de la société". Dès lundi, la défense avait indiqué qu'elle ferait appel.

Assis dans une cage en verre, M. Khodorkovski a accueilli avec un sourire l'annonce de la peine, ne s'attendant pas à une relaxe après avoir été déclaré coupable dès le début de la lecture lundi de l'interminable jugement de quelque 800 pages.

"Notre exemple montre qu'en Russie il n'y a pas d'espoir de protection contre les bureaucrates", a réagi M. Khodorkovski, dans un communiqué lu par un de ses avocats à la sortie du tribunal. Mais "nous ne nous laissons pas décourager", a-t-il ajouté.

La réaction de la mère de M. Khodorkovski a été plus émotionnelle: "Soyez maudits, vous et vos descendants!", a-t-elle hurlé.

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L'ex-patron de Ioukos Mikhaïl Khodorkovski et son associé Platon Lebedev au tribunal de Moscou le 30 décembre 2010

L'avocat de la défense, Iouri Schmidt, a lui estimé que ce jugement était "illégal" et le fruit des pressions exercées par M. Poutine, qui avait déclaré à la mi-décembre à propos de M. Khodorkovski que "tout voleur (devait) aller en prison".

La défense avait alors dénoncé une "ingérence directe" de M. Poutine qui a déjà comparé M. Khodorkovski au mafieux Al Capone.

L'opposition russe et nombre d'analystes considèrent que les poursuites engagées dans ce procès ont été organisées par le pouvoir russe pour faire taire M. Khodorkovski, un homme d'affaires jugé trop indépendant et manifestant des ambitions politiques. Une élection présidentielle est prévue en 2012.

Les réactions se sont multipliées après l'annonce de la peine. L'Allemagne a jugé que ce procès soulève "de sérieuses questions sur le respect de l'Etat de droit et représente un pas en arrière sur le chemin de la modernisation en Russie prônée par le président (Dmitri) Medvedev".

AFP

Chronologie de l' affaire Khodorkovski

La diplomatie française a appelé Moscou "à tenir pleinement compte des préoccupations", rappelant que "la consolidation de l'Etat de droit est une condition nécessaire à la réussite du processus de modernisation de la Russie".

La Russie a encore "un très long chemin à accomplir" pour moderniser son système judiciaire, a renchéri le président du Parlement européen, Jerzy Buzek, dans un communiqué.

M. Khodorkovski, ex-patron du groupe pétrolier démantelé Ioukos, et M. Lebedev sont en prison depuis 2003. Ils ont déjà été condamnés en 2005 à huit ans de prison pour escroquerie à grande échelle et évasion fiscale.

Les déboires de M. Khodorkovski ont commencé après une rencontre houleuse avec M. Poutine. L'homme d'affaires avait dénoncé la corruption au sommet de l'Etat, finançait l'opposition et des programmes d'aide à la société civile.

Ancien fleuron de l'industrie pétrolière russe, Ioukos a été démantelé lors du premier procès au profit d'entreprises proches du pouvoir.

Côte d'Ivoire: l'ONU met en garde contre une attaque du QG de M. Ouattara

NEW YORK (Nations unies) (AFP)

AFP

Les restes d'un char de l'Onu le 30 décembre 2010 à Abidjan

Le chef de l'ONU Ban Ki-moon a mis en garde jeudi les partisans du président ivoirien sortant Laurent Gbagbo contre une attaque de l'hôtel d'Abidjan qui sert de quartier général à son rival Alassane Ouattara, président reconnu par la communauté internationale.

"Une attaque contre le Golf Hôtel risque de provoquer des violences à grande échelle qui pourraient rallumer la guerre civile", a déclaré M. Ban dans un communiqué.

Selon son porte-parole, Martin Nesirky, M. Ban a rappelé que la mission de maintien de la paix de l'ONU dans le pays avait l'autorisation d'utiliser "tous les moyens nécessaires pour protéger son personnel ainsi que les fonctionnaires d'Etat et les autres civils présents dans l'hôtel".

Charles Blé Goudé, leader des "jeunes patriotes", partisans de Laurent Gbagbo, a affirmé mercredi qu'ils allaient "libérer à mains nues" à partir de samedi le Golf Hôtel d'Abidjan qui sert de quartier général au camp d'Alassane Ouattara.

Quelque 800 Casques Bleus de la force de l'ONU en Côte d'Ivoire (Onuci) sont stationnés aux abords de l'hôtel. Mais le complexe est soumis à un blocus routier des forces fidèles à Laurent Gbagbo.

AFP/Archives

Alassane Ouattara, le 28 décembre 2010 à Abidjan

"La situation qui se détériore continue d'être un motif de profonde inquiétude pour le secrétaire général" de l'ONU, a souligné Martin Nesirky.

M. Ban est "effaré " par les appels de Charles Blé Goudé à "libérer" le Golf Hôtel, a-t-il ajouté.

En outre, Ban Ki-moon a rappelé que toute attaque contre les forces de maintien de la paix constitue un crime au regard de la loi internationale.

"Toute attaque contre le Golf Hôtel pourrait engendrer des violences généralisées qui risquent de relancer la guerre civile", a encore dit le chef de l'ONU.

PS et UMP nient avoir touché de l'argent d'Omar Bongo

AFP

Le porte-parole de l'UMP, Frédéric Lefebvre et son porte-parole adjoint Dominique Paillé (D) s'expriment lors du point presse hebdomadaire le 26 avril 2010 à Paris.
Le porte-parole de l'UMP, Frédéric Lefebvre et son porte-parole adjoint Dominique Paillé (D) s'expriment lors du point presse hebdomadaire le 26 avril 2010 à Paris. Emmanuel Glachant AFP/Archives

Sans surprise et dans une belle unanimité, les deux principaux partis politiques français, l'UMP et le PS, ont nié jeudi avoir touché des fonds de l'ex-président gabonais Omar Bongo, soupçons relayés par un nouveau câble de WikiLeaks.

Selon des notes diplomatiques américaines divulguées par le site internet et rendues publiques mercredi par le quotidien espagnol El Pais, près de 30 millions d'euros auraient été détournés de la Banque des Etats d'Afrique centrale (BEAC) par le défunt président gabonais Omar Bongo.

Si ces fonds étaient principalement destinés au dirigeant et à son entourage, ils auraient aussi servi à financer plusieurs partis politiques français des deux camps "surtout à droite, en particulier à (l'ancien président Jacques) Chirac mais aussi (Nicolas) Sarkozy", selon ces mêmes notes.

Interrogé par l'AFP, le trésorier du PS, Régis Juanico, a assuré que son mouvement "ne se sent en rien concerné par ces affirmations", notant au passage que "seuls des noms de droite sont cités".

De son côté, le porte-parole de l'UMP, Dominique Paillé, a affirmé que "tout cela est totalement fantaisiste", invitant "d'autant plus à la prudence que les notes citées utilisent le conditionnel, ce qui démontre la très grande fragilité de ces accusations".

L'Elysée n'a pas réagi, conformément à la règle qu'il s'est fixée de ne pas répondre aux allégations du site internet.

L'information relayée par WikiLeaks avait été donnée quatre jours après la mort de M. Bongo, en juin 2009, par un haut fonctionnaire de la BEAC à un diplomate de l'ambassade américaine au Cameroun.

Celle-ci n'a toutefois pas été "en mesure de vérifier la véracité de l'accusation" visant des responsables hexagonaux.

Des rumeurs de financement de la vie politique française par Omar Bongo ont très souvent circulé, en France comme sur le continent africain, sur fond de relations privilégiées entre l'ancien dirigeant gabonais, au pouvoir depuis 1967, et une grande partie de la classe politique de l'ex-puissance coloniale.

Après la mort de Bongo, l'ancien président Valéry Giscard d'Estaing avait spectaculairement rompu le silence entourant officiellement ce sujet en affirmant que le président gabonais avait financé en 1981 la campagne présidentielle de Jacques Chirac.

"Moi j'étais président de la République à l'époque", avait-il raconté sur Europe 1. "J'ai appelé Bongo et je lui ai dit : +vous soutenez actuellement la campagne de mon concurrent+ (Jacques Chirac), alors il y a eu un temps mort que j'entends encore et il m'a dit: +Ah, vous le savez+, ce qui était merveilleux".

Jacques Chirac avait plus tard dénoncé des propos "dénués de tout fondement" et ne relevant que "d'une médiocre polémique".

"Nous savons tous précisément qu'Omar Bongo a financé de nombreuses campagnes électorales à droite mais aussi à gauche, parfois, peut-être. On l'a entendu dire. Je crains hélas que cela soit un peu vrai, y compris concernant la gauche", avait reconnu pour sa part le député PS André Vallini.

Réagissant aux notes divulguées par WikiLeaks, Michel de Bonnecorse, ancien conseiller Afrique de Jacques Chirac à l'Elysée (2002-2007), y a vu "un écran de fumée livré aux diplomates américains".

"Si le président Bongo voulait distribuer de l'argent, il avait tous les moyens +gabonais+ pour le faire", a ajouté l'ancien diplomate interrogé par LePost.fr. "Pour quelle raison serait-il passé par la BEAC, un organisme qui n'est pas gabonais avec des contrôleurs étrangers, et notamment des inspecteurs des finances français?"