05 août, 2010

« Nicolas Sarkozy joue avec les tendances racistes et xénophobes de la population »


Le président français, Nicolas Sarkozy, a proposé vendredi que les délinquants devenus français par naturalisation soient déchus de leur nationalité. Le ministre de l’immigration Eric Besson veut que cette proposition du président prenne la forme d’amendements législatifs, que l’Assemblée nationale examinerait la fin du mois prochain. Historienne et Directrice d’études à l’Ecole pratique des hautes études (Sorbonne, Paris), Esther Benbassa pointe les dangers d’une telle législation.Directrice d’études à l’Ecole pratique des hautes études (Sorbonne, Paris), Esther Benbassa vient de publier un Dictionnaire des racismes, de l’exclusion et des discriminations (Larousse, 2010). Chercheure et Universitaire, spécialiste de l’histoire des juifs et du judaïsme en Europe et en terre d’Islam à l’époque, elle a été parmi les premiers à dénoncer la proposition du président français, Nicolas Sarkozy, de retirer la nationalité française aux délinquants devenus français par naturalisation, qui auraient attenté à la vie des dépositaires de la force publique, en signant une contribution sur le portail Rue 89. Pour Afrik.com, elle analyse les dangers d’une telle mesure.

Afrik.com : Le chef de l’Etat veut que les délinquants d’origine étrangère qui mettent en danger la vie d’un représentant des forces de l’ordre puissent perdre la nationalité française. Est-ce à dire que plusieurs catégories de citoyens français, distinguant les délinquants « français de souche » et « d’origine étrangère », seraient établies légalement ?
Esther Benbassa : Cette distinction est d’abord anti-constitutionnelle. Le premier article de la Constitution stipule l’égalité de tous les Français "sans distinction d’origine". A moins de changer de régime, les propos de M. Sarkozy, ce sont des paroles, disons pour le moment. En 1940, on était revenu sur la naturalisation massive de 1927. La même année, on a également abrogé le décret Crémieux de 1870, qui octroyait la nationalité française aux Juifs d’Algérie. Certes, les temps ne sont pas les mêmes. Même s’il s’agit de paroles en l’air, la séparation des Français en deux catégories, d’un côté les "vrais" Français, à qui on ne peut retirer leur nationalité parce que Français depuis de nombreuses générations, et de l’autre ceux qui l’ont acquise, notamment en vertu du droit du sol, et dont on considère qu’ils ne la possèdent que provisoirement. Brice Hortefeux a ajouté de nouveaux délits qui autoriseraient la dénaturalisation dont la polygamie, l’excision et la "grande délinquance". Certes, la dénaturalisation existe pour les cas de personnes accusées d’espionnage ou terrorisme. Ils sont tout à fait exceptionnels. Les propos de M. Sarkozy sont d’abord stigmatisants. En séparant la population en deux catégories, il légitime la ségrégation dans une période de crise économique, même si la crise n’est pas pour tout le monde. Il crée une catégorie de Français que j’appellerai "naturels" et les autres. En fait les uns supérieurs, ceux qu’on ne peut pas toucher, et les autres, les "sous-Français". Comment après parler d’intégration, de vivre-ensemble, d’une société qui dépasserait avec ingéniosité et travail de fond les inégalités qui touchent les descendants des immigrés qui subissent une double peine : celle d’être d’origine étrangère et la pauvreté ? L’épouvantail de la dénaturalisation brandi par le Président ne fait pas peur aux caïds, mais il divise la France et renforce les préjugés. Tout cela retardant ce que les élites appellent intégration (a-t-on besoin d’intégrer ces personnes nées françaises ?) et grippant un peu plus l’ascenseur social pour ceux qui ont besoin vraiment de ce coup de pouce pour avancer dans une société française qui porte encore en elle des vestiges de l’Ancien Régime. On ne peut pas nier qu’il y a des problèmes dans ces ghettos des banlieues qui ne font que s’enflammer tant la situation semble désespérée à ses habitants, mais ce n’est pas par des paroles qui stigmatisent et qui créent deux France, qu’on va résoudre ces problèmes qui requièrent une politique de la ville de grande ampleur et pas des mesures-gadgets.

Afrik.com : La France étant un pays d’immigration, qui sont les « étrangers » visés par Nicolas Sarkozy ? Sur quels critères va-t-on définir ces étrangers ? Parents étrangers, grands-parents ?
Esther Benbassa : Les étrangers qui obsèdent le gouvernement aujourd’hui ce sont les musulmans et leurs descendants, plus que les Noirs. N’oublions pas que la décolonisation de l’Algérie n’a pas été encore digérée en France. Une partie du public y est encore très sensible. La France postcoloniale n’a pas su gérer son immigration, surtout l’installation définitive de ces immigrés en France. Les peurs de l’Arabe et de l’islam ont été également bien travaillées après le 11 septembre. Les Noirs sont aussi concernés par le rejet de l’étranger qu’on cultive en France et ces étrangers sont principalement issus du Maghreb et de l’Afrique subsaharienne. Quand on regarde l’histoire, on constate que la France a toujours eu du mal avec ses étrangers, n’oublions pas les Italiens, les Espagnols, les Portugais, les Polonais qui ont précédé les Maghrebins et les Africains. La France a aussi rejeté ses Juifs. On ne va pas rappeler les grandes campagnes antisémites du XIXe siècle et des années 1930, qui ont abouti, avec la guerre, à leur déportation. Peut-être la France constitue-t-elle son identité française contre l’Autre. Celui-ci, lorsqu’il est chrétien, est plus ou moins accepté, mais lorsqu’il est d’une autre religion monothéiste, la question se pose différemment. Le rejet de l’étranger ou de celui qu’on désigne encore étranger traverse toute l’Europe et devient un thème de campagne important pour les partis d’extrême droite. Hier les juifs, aujourd’hui les musulmans, et on continue. La peur que ressent l’Europe de perdre sa spécificité face à la mondialisation n’est pas étrangère à cet enfermement sur soi qu’on retrouve un peu partout.

Afrik.com : Nicolas Sarkozy fait visiblement un lien entre immigration et délinquance. Cela est-il pertinent ? N’y a-t-il pas risque d’encourager la xénophobie ?
Esther Benbassa : Nicolas Sarkozy emprunte ses thèmes à l’extrême droite qui les connaît bien et les ressort depuis des décennies. Qu’il y ait de la délinquance dans les milieux immigrés ou issus de l’immigration n’a d’abord rien d’extraordinaire. Les délinquants ne se recrutent pas parmi la grande bourgeoisie ou l’aristocratie. On y trouve la grande délinquance financière plus que de petits caïds. On ne devient pas délinquant, celui auquel fait allusion le Président, quand on a ce qu’il faut pour vivre bien. La délinquance est liée à la pauvreté. Les milieux immigrés ou issus de l’immigration étant dans la catégorie des défavorisés économiquement, il n’y a rien d’étonnant à cela. En parlant comme il l’a fait, il a joué avec les tendances racistes et xénophobes de la population. Ainsi dans l’imaginaire on aura cette équation : immigré égal délinquant, donc qui dit immigré dit danger. Ainsi de suite, on fabrique de la xénophobie. Lorsqu’on sait que le racisme est en baisse, même si 30% des Français se disent racistes, ce genre d’équation, déjà formulé par le chroniqueur Eric Zemmour, fait son chemin. Il est à craindre que la société française ne développe une atmosphère de xénophobie et de racisme suffocante où régneront le rejet et la suspicion. On n’en est pas encore là. Et heureusement qu’il y a encore en France des gens sensés, des personnes de bonne volonté qui ne sont pas d’accord avec la tournure que prend la politique du président, sorti à la pêche aux voix de l’extrême droite. Y compris dans les rangs de l’UMP, il y a de la grogne à ce sujet. On a l’impression que la France vit au rythme des campagnes contre le voile, puis le niqab, on a eu entre les deux les caricatures de Mahomet, puis les retombées de l’affaire des minarets suisses, le débat empoisonnant sur l’identité nationale, maintenant c’est la dénaturalisation sans compter les gens du voyage qui ont été également pris comme cible ces derniers jours.

Afrik.com : La Constitution parle d’égalité en droit, « sans distinction d’origine ». La mesure envisagée ne serait-elle pas anticonstitutionnelle ?
Esther Benbassa : La mesure envisagée par le Président est anticonstitutionnelle. A moins de changer de régime, la constitution reste valide. Le Conseil constitutionnel risque de s’opposer à la dénaturalisation, mais les mots sont dits, les immigrés montrés du doigt et leur infériorité énoncée publiquement. Les sociétés vivent avec des symboles. Celui d’un Français d’origine immigrée qui serait inférieur est dit. Hélas.

Haïti : Wyclef Jean en route pour la présidence


La famille du chanteur Wyclef Jean a confirmé mardi que l’ex-chanteur des Fugees envisage de se présenter aux élections présidentielles de novembre, en Haïti. Pour cela, l’artiste qui vit aux Etats-Unis devra bénéficier d’une dérogation.Wyclef Jean président ? Les rumeurs concernant la candidature de l’ex-chanteur des Fugees à l’élection présidentielle en Haïti sont confirmées. Dans un communiqué diffusé mardi, la famille du musicien affirme que la star du hip-hop pourrait se présenter à la prochaine élection présidentielle, en novembre. Selon le site internet canadien Le Droit, le chanteur de nationalité haïtienne aurait déjà effectué de nombreuses démarches administratives pour pouvoir être candidat et ne serait qu’à « quelques formalités » de pouvoir se présenter.

Les aspirants au poste suprême ont jusqu’au 7 août pour faire acte de candidature. Pour cela, il faut non seulement être de nationalité haïtienne, mais également avoir passé les cinq dernières années au pays. Il reste donc 10 jours au chanteur installé aux Etats-Unis depuis son enfance pour solliciter et obtenir une dérogation.

un citoyen engagé

Le chanteur, qui se rend régulièrement dans son pays d’origine, auquel il est très attaché, a financé de nombreux projets sur l’île grâce à sa fondation Yele créée en 2005. Il s’est notamment beaucoup investi dans l’organisation des secours, après le séisme du 12 janvier, qui avait causé environ 300 000 morts. Wyclef Jean avait alors souhaité s’impliquer davantage auprès des siens.

A l’annonce de cette possible candidature, les Haïtiens sont divisés. Certains estiment qu’une personne connue au niveau international saurait certainement trouver les moyens et les personnes pour encourager le peuple haïtien à se remettre sur pied. Son arrivée à la tête du pays pourrait aussi selon eux mettre fin à la corruption souvent dénoncée au cours des dernières années. Les adversaires de Wyclef Jean s’interrogent quant à eux sur sa connaissance réelle du pays et son expérience dans le domaine de la politique.

Le chanteur a rappelé dans un communiqué diffusé par sa fondation que son « attachement à Haïti et aux jeunes haïtiens est immense ». Il a précisé qu’il restera leur « plus grand soutien, qu’il fasse partie du gouvernement ou non ».

Suspensions, saccages et désinformation : les médias au cœur de la crise malgache

Quelques jours après la célébration du cinquantenaire de l’indépendance malgache, et alors que de nombreuses ex-colonies africaines seront présentes à Paris pour les célébrations du 14 juillet, à l’exception de Madagascar, qui n’a pas été invitée, Reporters sans frontières rend public un rapport d’enquête sur la place et le rôle joué par les médias dans la crise que traverse le pays.Intitulé "Suspensions, saccages et désinformation : les médias au cœur de la crise", le rapport détaille les attaques subies par les médias et les journalistes depuis décembre 2008 (suspensions, saccages, agressions, détentions), il analyse la nature du paysage médiatique de la grande île (polarisation, pressions et autocensure), et dénonce la façon dont les médias peuvent parfois être sources de propagande et de désinformation.

Reporters sans frontières, qui rappelle que les nombreux événements touchant les médias ont valu à Madagascar, en 2009, un recul de 40 places dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par l’organisation, cherche également les voies qui pourraient permettre aux autorités de transition de créer un environnement plus sain et favorable pour les journalistes.

Au cours de sa mission menée à Madagascar, du 15 au 20 mars 2010, l’organisation a fait le tour de la majeure partie des rédactions à Antananarivo et à Antsirabe (170 km au sud de la capitale). Reporters sans frontières a rencontré la ministre de la Communication de l’époque, Nathalie Rabe, le conseiller spécial du président de la Haute Autorité de transition pour la politique et la communication, Rolly Mercia, le coordinateur du processus de réactualisation du Code de la communication, Tsilavina Ralaindimby, et le Collectif des journalistes de Madagascar. La mission s’est également entretenue avec des membres du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et plusieurs représentants de la communauté diplomatique basés à Antananarivo.

En conclusion de son enquête, Reporters sans frontières recommande notamment aux autorités malgaches d’adopter un nouveau Code de la communication pendant la transition, de soutenir le principe d’une régulation indépendante des médias, et de garantir la protection des journalistes, tant contre les attaques que contre les peines de prison. L’organisation demande également à Joachim Chissano, médiateur de la crise, d’exiger de chaque mouvance des engagements fermes en termes de respect de la liberté de la presse, à la France de consacrer davantage sa coopération au secteur des médias, et aux journalistes malgaches de respecter l’éthique et la déontologie de la profession, en s’affranchissant de la propagande, des prises de position partisanes et des appels à la violence.

Massacres et mutilations d’albinos en Tanzanie et au Burundi



Mardi 27 juillet 2010 la justice tanzanienne a condamné à la pendaison un homme de 50 ans pour avoir tué une fillette albinos en 2008. Selon le procureur de la région nord de Mwanza des témoins ont déclaré au tribunal que l’homme avait coupé les jambes de la fillette avec une machette à minuit et bu son sang.

Une anomalie génétique


L’albinisme est une anomalie génétique caractérisée par une absence de pigmentation de la peau, des poils, des cheveux et des yeux. Les albinos naissent avec une couleur de peau et de cheveux très claire, presque blanche, due à l’absence de la mélanine qui colore la peau, les cheveux et les yeux et protège également la peau des effets néfastes du soleil en filtrant les rayons UV. Dans des régions fortement ensoleillées comme la Tanzanie ils sont plus exposés aux risques de cancer de la peau et aux brûlures liées à l’exposition au soleil. Ils pâtissent également d’un déficit de la vue. L’albinisme est reconnue par l’Organisation des Nations unies pour la Santé (OMS) comme un handicap. Le gène qui en est responsable étant récessif un enfant nait albinos parce qu’il hérite ce gène de chacun de ses deux parents. Si dans le monde la proportion d’albinos est de 1 individu sur 20 000, on compte jusqu’à 1 albinos sur 200 en Tanzanie et 1 sur 16 000 au Burundi.


Les albinos objets de nombreuses superstitions


En Afrique un enfant blanc né de deux parents noirs est un phénomène ayant toujours alimenté de nombreuses croyances bien qu’elles tendent à disparaître de nos jours. A l’époque coloniale ces enfants étaient vus comme le fruit d’un adultère de la mère avec un colon européen voire le fantôme d’un blanc. D’un peuple à un autre on les croit dotés de pouvoirs mystiques, immortels, possédés par un démon, portant la chance ou signe d’une malédiction s’abattant sur la famille.

Au Burundi et en Tanzanie des parties de leurs corps sont recherchées pour leurs puissances miraculeuses supposées et certains les emploient en tant que sacrifices humains suivant les conseils des sorciers qui ont contribué à répandre la croyance selon laquelle on en tirerait de la chance en amour, dans les affaires et dans la vie. Ces guérisseurs concoctent des potions élaborées à partir d’un membre, du nez, la langue, les os, les yeux ou les parties génitales qu’ils prescrivent à leurs clients en quête de succès. Ces différentes superstitions ont engendré un marché et sont habilement exploitées par des guérisseurs qui en ont fait leurs fonds de commerce. En Tanzanie des charlatans ont lancé une rumeur selon laquelle le sang des albinos pouvait être utilisé dans les gisements miniers pour rechercher de l’or et leurs membres pouvaient servir à améliorer la pêche de poissons. Que ce soit les hommes d’affaires ou les politiques, nombreux sont ceux qui sont convaincus que les albinos leur apporteront richesse et succès.

Ces supposés pouvoirs magiques font des albinos des victimes de crimes rituels. La Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) a indiqué dans un rapport en 2009 que le marché des pièces de albinos existe principalement en Tanzanie, où un ensemble complet de parties du corps peuvent se vendre pour 75.000 dollars.

Déclenchement d’une véritable chasse aux albinos

La pauvreté, la superstition et l’appât du gain ont conduit aux massacres et mutilations d’albinos dont cette région est désormais familière. Fin avril 2010 dans la province du Cankuzo dans l’Est du Burundi dix assaillants armés de pistolets et de grenades ont tué une jeune femme, Susanne Vyegura et son enfant âgé de 5 ans, d’après Kassim Kazungu de l’association des albinos du Burundi et la police locale. Les deux victimes ont eu leurs membres coupés. Les assaillants ont également arraché les yeux de l’enfant et coupé les seins de la mère. Une enquête du parlement burundais a révélé l’existence d’un marché sous-régional lié à l’emploi des membres et des organes d’albinos par des guérisseurs et l’implication des pécheurs et des orpailleurs dans ce commerce illicite. Ce trafic se concentre essentiellement dans les zones reculées bordant le lac Victoria, dans la partie Ouest de la Tanzanie, une des plus pauvres du pays où le taux d’alphabétisation est très bas.

Des récits d’atrocités d’une barbarie inouïe alimentent depuis quelques années la presse locale et internationale. Entre février et avril 2010 Trois albinos ont été tués en Tanzanie, période pendant laquelle quatre tentatives de meurtres ont été signalées. Ces décès et d’autres attaques récentes en Tanzanie font partie d’une longue liste d’actes de violence contre les albinos. D’après la Fédération Internationale de la Croix-Rouge au moins 10 000 ont été déplacés suite aux attaques contre les albinos depuis fin 2007. On dénombre depuis lors officiellement 57 albinos tués en Tanzanie et 14 au Burundi d’après Vicky Ntetema ancienne correspondante de la BBC en Tanzanie et actuellement membre de l’ONG de défense des droits de l’homme Under The Same Sun (UTSS). Les albinos sont contraints de trouver refuge dans des centres urbains où ils sont plus en sécurité. Au Burundi de nombreux paysans ont été contraints de fuir les villages pour les villes afin d’échapper à ces attaques. Tout ceci a instauré un climat de peur et d’insécurité dans lequel vivent les albinos et qui les oblige à réduire au minimum les sorties, à rester cloitrés chez eux ou à faire preuve d’une vigilance extrême une fois dehors.

D’après l’association des albinos de Tanzanie le prix d’un set complet du corps d’un albinos comprenant les membres, les organes génitaux, les yeux, la langue, les cheveux et le sang est passé de 75 000$ à 200 000$. Un membre à lui seul peut coûter 3 000 dollars. C’est donc un trafic extrêmement lucratif. Bien qu’un faible pourcentage de cet argent revient aux tueurs, les plus pauvres voient dans ce trafic un moyen de se faire facilement de l’argent. A ces prix les gens n’hésitent plus à exhumer des tombes les restes des corps des albinos pour en vendre les parties.

La médiatisation de ces massacres par les ONG comme La Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) et Under the Same Sun (UTSS) ainsi que leurs combats pour exiger que soient sévèrement punis les auteurs de tels crimes ont poussé les autorités burundaises et tanzaniennes à prendre des mesures drastiques pour éradiquer ce problème. Ces autorités y sont d’autant plus contraintes que cette médiatisation donne de leurs pays une image absolument calamiteuse. A cela il faut ajouter l’initiative d’une victime de cette barbarie Mariamu Stanford à qui les agresseurs ont ôté deux bras lors d’une attaque en 2008 et qui depuis s’est rendu aux Etats-Unis et obtenu qu’un membre du congrès, Gerald Conolly sollicite Barack Obama afin d’accentuer la pression sur les gouvernements burundais et tanzaniens.


Campagnes des instantes gouvernementales et des ONG afin d’enrayer ce cycle d’ assassinats

Les gouvernements burundais et tanzaniens ont pris des mesures assez proches visant à assurer la protection des les albinos et en particulier celle des enfants. En Tanzanie les autorités ont instauré le recensement des albinos. La mise en place d’un service policier d’escorte des enfants se rendant à l’école et le recours aux structures comme les internats pour leur donner refuge sont autant de mesures qui ont été prises pour redonner une certaine forme de sérénité aux nombreux parents angoissés. La police a été invitée à intensifier la traque des sorciers employant des restes d’albinos et une campagne nationale de dénonciation anonyme des auteurs de meurtres d’albinos a été lancée. Certains enfants ont été équipés de téléphones portables afin de contacter la police le plus rapidement possible en cas d’attaque.

La mesure phare du volet répressif de la batterie de mesures prises par le gouvernement tanzanien est l’instauration de la peine de mort par pendaison des assassins d’albinos. Par cette loi les autorités tanzaniennes ont déclaré la guerre aux trafiquants d’albinos. Le premier ministre tanzanien Mizengo Pinda a fait de l’éradication de ces massacres une cause nationale. Malgré la lenteur de la justice au moins 12 personnes ont déjà été condamnées à la peine capitale depuis 2009, la dernière en date étant celle du mardi 27 juillet 2010 d’un homme de 50 ans pour l’assassinat et la mutilation d’une fillette albinos en 2008. Plus de 27 autres cas sont encore en cours d’investigation par la justice tanzanienne.

Mizengo Pinda a décidé de faire du 4 mai une journée nationale de commémoration en souvenir des hommes et des femmes albinos victimes de la barbarie de ceux qui guidés par la superstition ont attenté à leurs vies. Une journée pendant laquelle chaque Tanzanien est invité à réfléchir sur le chemin encore à accomplir pour éradiquer ces horribles meurtres. A cette occasion le gouvernement tout comme le peuple tanzanien doivent renouveler leurs engagements à garantir à tous les albinos du pays le droit à une vie sans peur. En janvier 2009 le premier ministre tanzanien avait également pris la décision unilatérale de révoquer toutes les licences des guérisseurs du pays à cause de leurs responsabilités dans les sacrifices d’albinos. Une décision critiquée par l’association des guérisseurs traditionnels qui a fustigé l’amalgame fait entre les guérisseurs qui offrent leurs services à 30% de la population du pays et les responsables du trafic d’albinos.

En 2008 le président tanzanien Jakaya Kikwete a chargé la députée Shaymaa Kwegyir,elle-même albinos de mener des campagnes de sensibilisation. Cette dernière préside aussi une commission d’enquête sur les responsables des tueries d’albinos en Tanzanie. Depuis, Shaymaa Kwegyr sillonne le pays pour combattre les croyances profondément ancrées dans la conscience populaire et faire évoluer les mentalités en faveur d’une meilleure insertion des albinos dans la société. Ce travail de sensibilisation et d’éducation de la population entrepris par la députée est également engagé par le tissu associatif local et les ONG comme Under The Same Sun installée dans la capitale Dar Es Salem.

Des programmes éducatifs mais aussi une assistance médicale aux albinos


Les ONG comme la FICR, UTSS et les associations locales d’aide aux albinos jouent un rôle essentiel dans la diminution constatée du nombre d’homicides dont sont victimes les albinos et leurs familles. Ces organismes servent de sentinelles en alertant les autorités sur les évolutions des exactions à l’encontre des albinos et en militant pour que les auteurs répondent de leurs actes devant le système judiciaire. Cela se traduit notamment par le suivi des enquêtes policières et des dossiers aux mains des justices tanzanienne et burundaise. Parce que pour beaucoup les superstitions et l’emprise des guérisseurs sur la société tanzanienne et burundaise ne peuvent seules expliquer toutes ces affreux crimes, la lutte contre l’ignorance et la pauvreté de la population est aussi devenue un moyen de s’attaquer à ce problème. A cause de cela une meilleure éducation des populations locales est un autre impératif pris à cœur par ces organismes.

Ainsi des associations d’aide aux albinos essayent de mettre en œuvre des programmes éducatifs pour la population, des programmes d’entraînement du personnel de santé ou encore des stages pour les enseignants et les parents pour les sensibiliser sur la nécessité d’aider les enfants albinos à se protéger du soleil à travers le port de lunettes, de chapeaux ou de vêtements à manches longues. Des documentaires sur le sort des albinos sont également diffusés au public. Face aux risques de cancers de la peau dus à l’exposition au soleil dans cette région fortement ensoleillée, des lotions de protection de la peau, des lunettes et des chapeaux sont régulièrement fournis à cette population. Une aide médicale aux albinos victimes des attaques est également fournie par ces organismes à ces familles majoritairement pauvres dont les bourses ne peuvent supporter le coût des soins médicaux et des moyens de protections pourtant indispensables.

Les sévères mesures prises par les autorités burundaises et tanzaniennes associées à l’action des ONG et des associations d’aide aux albinos ont contribué à diminuer les assassinats et les mutilations qui ont pris de l’ampleur ces 3 dernières années. Ces mesures se heurtent cependant aux croyances et superstition profondément ancrées dont ces sociétés ne pourront rapidement se débarrasser. Un autre obstacle de taille est la pauvreté des populations locales qui poussent les personnes qui malgré tout continuent de perpétrer ces attaques contre les albinos, à mutiler leurs victimes sans leur ôter la vie afin de s’épargner la peine de mort en cas d’arrestation. Dans un pays extrêmement croyant, l’indéniable emprise sur toutes les couches de la société de ceux-là même qui élaborent des potions et autres gris-gris à base de restes d’albinos montrent aux autorités et associations qui luttent pour mettre fin à ces atrocités que les guérisseurs ne peuvent être écartés du panel de solutions qui résoudront ce fléau.

Burkina Faso : des jeunes filles en danger à l’heure de l’exode vers les villes


Dans la province de Sourou, dans le nord du Burkina Faso, émigrer pour chercher du travail est un phénomène habituel, mais de plus en plus de jeunes filles se joignent désormais à cet exode, selon le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et l’organisation non-gouvernementale Terre des Hommes (Tdh)« Après tout, l’émigration est une méthode de survie », a dit à IRIN Herman Zoungrana, chargé du programme protection de Terre des Hommes (Tdh) au Burkina Faso. Il a dit que, traditionnellement, après la saison des récoltes, les gens remplissaient leurs greniers puis se préparaient à chercher du travail jusqu’à la prochaine saison des semailles.

« Mais avec des filles de plus en plus jeunes qui émigrent, le risque d’exploitation et de violence augmente », a-t-il dit. Des habitants ont dit à IRIN que souvent les parents encourageaient leurs enfants à émigrer – « parce qu’ici nous vivons dans la misère », a expliqué une femme.

Dans la région, les garçons et les hommes jeunes émigrent depuis longtemps pour du travail, disent les travailleurs sociaux. « Généralement, ils sont dans d’autres métiers comme la vente ambulante, les emplois quotidiens de manœuvres, le travail de jardinage », a dit M. Zoungrana. « Mais pour les filles ce qui est préoccupant, c’est qu’elles partent beaucoup, souvent très jeunes – 10 à 12 ans – et qu’elles effectuent des travaux domestiques comportant de graves risques d’exploitation, [y compris de violences sexuelles] ».

« Certaines parmi les filles les plus jeunes – sans instruction et parfois orphelines – gagnent environ 2 500 FCFA [soit 4,70 dollars] par mois comme domestique et souvent, elles ne sont pas bien nourries », a dit à IRIN Marie-Berthe Ouédraogo, chargée de programme protection de l’UNICEF-Burkina-Faso.

L’UNICEF et Tdh ont dit que les enfants étaient également la proie des trafiquants.Tdh, qui a une équipe dans le département de Toéni, dans la province de Sourou, dit que les filles émigrent généralement vers la capitale Ouagadougou, vers Bobo-Dioulasso, la deuxième plus grande ville, ou vers des villes du Mali, à 50 kilomètres au nord. Une étude de Tdh datant de 2008 a montré que 400 filles avaient quitté le département de Toéni pour [aller dans] des villes entre octobre 2007 et janvier 2008.

La majorité de l’émigration est encore saisonnière, selon les travailleurs sociaux, et les gens rentrent souvent pour les semailles.

Dans le cadre de son travail pour promouvoir l’éducation et la protection de l’enfance, Tdh rencontre des villageois à Toéni pour parler des risques et des moyens d’améliorer les conditions [de vie] pour les enfants dans les zones rurales.

« C’est la pauvreté qui les fait partir », a dit à IRIN Sienou Moufou, un membre du conseil du village à Louta. « Il n’y a pas de travail au village, pour eux ou pour leurs parents ».

Savadogo Saydou Mahamady, un ancien représentant de Tdh qui a travaillé avec des villageois sur cette question, a dit : « Les parents [disent qu’ils] savent les dangers liés à ce phénomène mais disent ne pas avoir d’alternatives et pensent souvent ne pas avoir une emprise totale sur les enfants ». Mme Ouédraogo de l’UNICEF a dit qu’une étude menée prés de la frontière du Mali avait montré que la pauvreté et le manque d’éducation étaient les raisons pour lesquelles les filles ne voyaient pas d’autre option que de chercher du travail comme domestiques chez des gens vivant en ville. Dans un récent rapport, Tdh a dit que dans les villages à Toéni, 72 pour cent des filles âgées de 7 à 14 ans n’étaient pas à l’école, en 2007. Plus de 95 pour cent des filles ne pouvaient ni lire ni écrire.

Dans certains cas, le statut est aussi une force motrice, a dit Mme Ouédraogo. Les familles veulent que leurs filles gagnent de l’argent pour qu’elles puissent avoir des vêtements particuliers et d’autres articles pour des cérémonies comme les mariages ou les baptêmes, a-t-elle dit. Mais la plupart du temps les revenus supplémentaires relèvent de la survie, selon Ouona Dembélé, le responsable du village. « Il est difficile d’offrir des alternatives à l’émigration à ces jeunes filles, parce qu’il n’y a pratiquement rien ici [au village de Louta]. Si nous pouvions avoir n’importe quelles activités génératrices de revenus ici, aucune fille n’aurait à quitter le village pour la ville ».

De nombreux habitants de Louta disent que le manque d’eau a fortement entravé tout développement qui pourrait améliorer leurs conditions de vie.

Les villageois disent que si l’eau était plus accessible, pour commencer, la culture maraîchère pourrait prospérer et plus de jeunes gens pourraient y participer. Des travailleurs humanitaires au Burkina Faso ont dit à IRIN qu’ils devaient restreindre la culture maraîchère et d’autres projets d’aide à l’agriculture à cause du manque d’eau, un problème fréquent dans de nombreuses régions du pays.

Louta, où l’agriculture et le bétail constituent les principales activités économiques d’une population de 2 500 personnes, n’a pas de centre de santé ni d’équipement ou services pour la maternité.

Cet homme est dangereux


Au deux-tiers de son mandat Nicolas Sarkozy manifeste une double constance qui en fait le Président de la République le plus dangereux que le France ait connu sous la 5° République.

Fidèle à ses amis du Fouquet’s et autres millardaires, il mise sa réélection sur une politique démagogique d’exclusion au point de n’être même plus fidèle à son engagement de respect de la constitution.

Il a prouvé par ces actes qu’il était le Président au service des plus riches : bouclier fiscal, clémence envers les délits financiers, adhésion non critique au néo-conservatisme libéral et multiplication des atteintes au droit du travail et aux conquêtes sociales (santé, retraites, etc...).

Parallèlement et pour faire accepter ses attaques envers les plus démunis, il a fabriqué des clivages pour faire diversion en provoquant des « guerres intérieures » sur fond de démagogie et d’exclusion.

Ainsi après l’éloge de la France qui se lève tôt contre les chômeurs parasites qui se lèvent tard durant la campagne électorale, il a ravivé lors des journées de manifestation syndicale la vieille opposition poujadiste public-privé. Ensuite, la popularité baissant, il a provoqué le calamiteux débat sur l’identité nationale pour stigmatiser la population musulmane. Enfonçant ce clou, il fallait faire d’une pratique archi minoritaire, le port du voile intégral, un moyen d’enrôler dans le même camp des laïques plus soucieux d’exclusion que de respect du fondement de la laïcité et les électeurs du Front National. Cette nouvelle croisade trouvant son point d’orgue dans les appels conjoints de Riposte Laïque et du FN aux apéros pinard saucisson ouvertement anti-musulmans.

Plus récemment , il profite des médailles aux championnats d’Europe d’athlétisme pour opposer les gentils athlètes aux méchants footballeurs !

Il est sûr que la stratégie fait mouche. Pourtant cela ne lui suffit pas . Il a une autre ambition, rallier et élargir une assise électorale de plus en plus semblable à celle du FN . Pour cela il mise sur l’association délinquance immigration et n’hésite pas à s’en prendre aux fondements même de notre constitution.

Le discours de Grenoble est un véritable tournant dans le quinquennat.

En proposant deux lois inapplicables dans le cadre de notre constitution, des peines différentes selon qu’on est français et français d’origine étrangère et la responsabilité pénale de tiers pour des actes commis par des mineurs, il fait espérer ce que n’osaient même pas proposer les responsables du FN, la modification de l’article premier et fondateur de la Constitution de 19581.

Une autre déclaration dans ce discours confirme ce point : n’est-il pas significatif qu’il évoque 50 ans d’échec dans la politique d’immigration correspondant à peu de chose près à l’âge actuel de la 5° République. Les Gaullistes de l’UMP apprécieront !

Ce n’est plus seulement le traitement des jeunes délinquants et le problème de l’immigration qui sont en jeu mais la révision des principes fondateurs de la République dans une direction qu’on n’ose imaginer. Si comme le prétendait Besson au journal de 13h du 3 août 2010 il faut adhérer à des valeurs pour être français, la France n’est plus un état de droit qui respecte la liberté d’opinion.

C’est la loi qui doit être respectée sous peine de sanction, les valeurs de la République sont des références auxquelles on ne peut adhérer dignement que de manière libre et volontaire.

Si on va au bout de cette logique, il faudra renier aussi l’article 1° de la Déclaration des Droits de l’homme et du Citoyen2.

Pourquoi ne pas remplacer la devise de la République par « Travail, Famille, Patrie » ? ou plus actuel : le Travail, le Fric, l’Identité Nationale !

Mais qui affronte aujourd’hui Sarkozy sur ce front ?

Martine Aubry, tétanisée par les sondages sur la délinquance, repousse à plus tard la riposte, d’autant plus qu’elle a dans ses rangs des E. VALLS et autres DSK pas si éloignés des discours présidentiels.

La Gauche du PC au NPA ne semble pas avoir pris la mesure de l’ampleur et des conséquences de cette menace constitutionnelle réitérant leurs critiques habituelles ou à peu près .

Sans riposte massive et rapide, ceux qui rêvent d’une 6° République risquent fort de vivre un cauchemar.

1« La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. Son organisation est décentralisée.

2« tous les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit »

Maghreb : l’intégration régionale, clé du développement


Les experts sont unanimes. Pour rattraper leur retard sur l’Europe, les pays maghrébins doivent mettre fin aux conflits qui les opposent, et opter pour l’intégration régionale. C’est à cette même conclusion que sont parvenus les conférenciers qui ont débattu mercredi, à Bruxelles, le rapport de l’institut Thomas More intitulé « Pour une sécurité durable au Maghreb, une chance pour la région, un engament pour l’Union européenne ». L’UE est prête à contribuer davantage au développement de la région. A condition que le cadre politique idoine soit mis en place.
Le Maroc et l’Algérie mettent fin à leur conflit frontalier au sujet Sahara occidental, qui mine leurs relations depuis trente ans. Le processus de paix se remet résolument sur les rails au Proche Orient. Les pays arabes et l’État d’Israël rétablissent leurs relations diplomatiques, accélérant du même coup le projet d’Union pour la Méditerranée. L’Algérie s’ouvre d’avantage à l’Union européenne qui, à travers sa banque d’investissement débordant de cash ne demande qu’à participer à la croissance de son économie. Bref, on retrouve d’une rive à l’autre de la mer Méditerranée, le sens de l’affection selon la formule d’Antoine de Saint-Exupéry : « S’aimer ce n’est pas se regarder dans les yeux, mais de regarder dans la même direction ». On s’investit dans des projets communs, et les retombées viennent améliorer le sort des populations... Simples conjectures portées par un optimisme béat, dira-t-on. Cependant, de l’avis des experts qui les observent , les pays du Maghreb doivent emprunter ces voies pour accélérer leur développement.

Ceux-ci pensent, en effet, que si les États d’Afrique du Nord peinent à se développer, c’est principalement à cause de deux facteurs : le manque d’intégration régionale et les conflits. Ces deux problèmes ont été largement débattus mercredi à Bruxelles, lors de la présentation du rapport de l’Institut Thomas More, sur la sécurité au Maghreb. « Le principal défi du Maghreb est d’en venir à bout de ses propres divisions. Le fait que la frontière entre le Maroc et l’Algérie soit fermée depuis de nombreuses années est un handicap considérable au développement. On voit bien en Europe à quel point la disparition des frontières a créé une dynamique économique qui a été profitable à tous. Et on voit bien à quel point la fermeture de la frontière entre le Maroc et l’Algérie est un handicap économique et social non seulement pour les pays concernés, mais pour toute la région dans son ensemble », analyse Dominique Baudis, député au Parlement européen et l’un des conférencier, à Bruxelles.

Les conflits coûtent très cher

Selon l’International Crisis Group, ce conflit frontalier coûte très cher aux deux États. Ce sont plusieurs points du PIB marocain qui ont été engloutis dans ce dossier. Pareil pour l’Algérie qui doit financer le déploiement de milliers de soldats au Sahara Occidental, et qui soutient militairement les indépendantistes sahraouis. Ce conflit larvé n’est pas étranger à l’échec de l’initiative de l’Union du Maghreb arabe. « Pour tout le Maghreb, le dossier du Sahara Occidental rend impossible l’intégration, limite les investissements étrangers et entretient une atmosphère de défiance entre acteurs », relève le rapport de l’institut Thomas More.

Autre lieu, autre conflit, mêmes conséquences. Le conflit israëlo-palestinien retarde de son côté l’avancée du projet de l’Union pour la Méditérannée cher au président français Nicolas Sarkozy, et porteur de promesses d’investissements en Afrique du Nord.

L’obstination de l’Algérie à faire cavalier seul n’est pas un moindre mal. « Dans cette région, nous pourrions faire beaucoup plus. Nous sommes intervenus fondamentalement au Maroc et en Tunisie. Nous voudrions aussi aller en Algérie. Mais l’Algérie pour des raisons de souveraineté nationale ne le souhaite pas à l’heure actuelle. Quel dommage ! Quel dommage pour eux ! Quel dommage pour nous ! Quel dommage pour l’ensemble de la communauté des affaires et des citoyens ! » s’exclame Philippe de Fontaine Vive Curtaz, vice président de la Banque européenne de développement (BEI).L’Union européenne, prête à investir massivement dans les pays du MaghrebSelon cet économiste formé à Sciences-po et à l’Ena de Paris, les robinets de la BEI sont tournés vers le Maghreb, et ne demandent qu’à l’arroser. « Il y a une progression significative au Maghreb même en cette période de crise internationale. Les taux de croissance y oscillent entre 4 et 5% . Le Magrheb est une chance pour l’Union ». Il ajoute : « Notre ambition, c’est d’apporter au Maghreb l’ensemble des instruments financiers que nous avons mis à la disposition de l’économie européenne. Du prêt à long terme, en passant par la coopération technique et en allant jusqu’aux prises de participation en capitale. Mais pour cela, il faudra une volonté politique ».

La BEI a investi un peu plus d’un milliard d’euros l’année dernière en Afrique du Nord, principalement en Tunisie et au Maroc, l’Algérie ayant décliné son offre. Elle travaille actuellement sur quatre grands projets : le soutien aux petites entreprises, les autoroutes de la mer, la dépollution de la Méditérannée, et le plan solaire méditerranéen. Doté d’un budget prévisionnel de cinq milliards d’euros, ce dernier projet se veut fortement ambitieux : réaliser à l’horizon 2012-2013, la synchronisation de la boucle électrique Euro-Maghreb. Une partie de l’électricité solaire produite dans les pays africains devant, dans ce cadre, être acheté par les États de l’Union européenne, aux prix pratiqués sur leurs marchés, pour assurer la rentabilité du projet. « C’est vraiment de l’avenir très concret », assure Philippe de Fontaine Vive Curtaz. A l’en croire, les investissements européens au Maghreb pourraient rapporter aux pays bénéficiaires jusqu’à un point de richesse supplémentaires.

Pour ce faire, il faut que les États commencent à « raisonner en terme de Maghreb et non pas pays par pays », estime Philippe de Fontaine Vive Curtaz. Pour Dominique Baudis, une telle approche profitera à tous. « Au lieu d’avoir deux rives qui se font face et qui parfois se tournent le dos, avec des écarts de richesses qui sont insupportables entre la rive nord et la rive sud, avec une absence de perspective parfois pour les jeunes à la recherche de l’emploi, il est de l’intérêt même de l’Union européenne que la rive gauche de la Méditerranée se développe. Le Maghreb représente aujourd’hui un enjeu majeur pour toute l’Europe. Nous avons un destin, un avenir commun, nous devons le prendre ensemble à bras le corps »

Les bons élèves tirent déjà leur épingle du jeu. C’est le cas du Maroc qui a obtenu le « statut privilégié » dans ses rapports avec l’UE, lequel lui permet de participer à toutes les instances de l’organisation, même sans en être membre. Résultat : un accroissement des investissements. C’est le cas aussi de la Tunisie qui s’est engagée sur la même voie privilégiée et attend les mêmes retombées. A quand l’intégration régionale ?

Trente-et-un millions de dollars pour les réfugiés sahraouis d’Algérie


Une lettre d’entente régissant une assistance alimentaire de plus de 31 millions de dollars, destinée aux réfugiés sahraouis dans les camps de Tindouf, a été signée hier entre l’Algérie et le Programme alimentaire mondial (PAM).Le PAM apporte une assistance alimentaire aux réfugiés depuis début 1986, et ce, en accord avec le Haut Commissariat des Nations unies. D’aucuns ignorent que la situation alimentaire figure parmi les questions prioritaires dans le monde. Seulement, il y a lieu de rappeler que ces dernières années, le PAM a réduit ces aides de 42% envers les réfugiés sahraouis, arguant une certaine mauvaise gestion de celles-ci. Cette diminution a touché certains produits de première nécessité, notamment les médicaments, l’huile, le sucre, les légumes secs et la farine. Du côté des Sahraouis, on avance des pressions politiques afin de les amener à abdiquer et renoncer à leurs droits.

Mais l’Algérie s’est portée garante pour aider les Sahraouis des camps de réfugiés. Hier, Dani Benchaâ et Daly Belgacem, respectivement directeur général des affaires politiques et de sécurité internationale au ministère des Affaires étrangères, et directeur régional des pays du Moyen-Orient, de l’Asie centrale et de l’Europe de l’Est auprès de la PAM, ont paraphé les documents portant sur l’aide de plus de 31 millions de dollars. 125 000 Sahraouis bénéficieront de cette aide, dont la gestion s’étalera sur une période de 18 mois. Pour éviter qu’il n’y ait une rupture des stocks, un accord a été signé dans la même journée entre le Croissant-Rouge algérien (CRA), la Croix-Rouge espagnole (CRE) et le PAM, portant sur la gestion du stock de sécurité de produits alimentaires qui sera établi à Rabouni près de Tindouf. Ce mode de régulation permettra, selon le directeur régional, de faire face à d’éventuelles perturbations dans la distribution de l’aide alimentaire pour « des raisons de logistiques ou de financement ». Lors de son intervention, à l’issue de la signature de ces documents, M. Benchaâ a expliqué que la lettre d’entente témoignait de « l’engagement des institutions internationales en faveur des réfugiés sahraouis, auxquels elles ne cessent d’apporter leur assistance ».

Il a estimé, dans ce sillage, que le PAM accomplit « un acte très important » et une mission qui relève d’un grand réconfort pour les populations en quête de soutien et d’assistance. « Dans le cadre de la coopération bilatérale, l’Algérie assure, avec le PAM, une mission humanitaire à travers le monde et plus particulièrement en Afrique. L’Algérie est le premier pays africain donateur du PAM, en contribuant, ces dernières années, aux opérations de cette organisation onusienne dans les Etats du Sahel et en Afrique centrale », a souligné un représentant du MAE, qui fera remarquer que notre pays a accordé au PAM des dons de riz, estimés à plusieurs millions de dollars, plus précisément durant les années 2001, 2005 et 2006. Rien qu’en novembre 2009, les autorités algériennes ont octroyé un don d’une valeur de 10 millions de dollars en nature (riz) à six pays africains.

Liban : l’insupportable attaque israélienne

L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. L’abus d’agression est dangereux pour la sécurité d’Israël. On se demande bien ce que les zélateurs de ce pays vont encore trouver pour justifier l’injustifiable, après la violation manifeste du territoire libanais pas Tsahal. Probablement, les arguments aussi fantaisistes que ridicules accompagneront les cris d’orfraie habituels et le prétexte idéal pour tenter encore une fois de déstabiliser un pays qui se dirige vers la paix.

Est-ce un hasard que cette attaque israélienne survienne après la visite historique du président syrien Bachar al-Assad à Beyrouth ? Une réconciliation qu’Israël voit d’un mauvais œil puisqu’il vit par et grâce aux tensions. Israël n’arrête pas depuis des mois, ses accusations contre la Syrie, soupçonnée de fournir des missiles Scud au mouvement chiite Hezbollah. Alors, ce subterfuge pour saper la paix avec des faux prétextes devient de plus en plus ridicule.

Peut-on exiger de son voisin d’enlever les rideaux de la vitre de sa maison parce qu’il faut que vous puissiez mater le chez lui ? Forcément, non. Mais, Israël l’exige pour ses voisins. Il a tous les droits et, lorsqu’il donne le premier coup de poing comme hier, et, lorsque vous ripostez, il vous accuse de l’avoir agressé et évoque sa sempiternelle sécurité. Mais où vit-on ?

C’est de plus en plus insupportable. Là, la fameuse communauté internationale appelle à la …retenue des deux parties, sans condamner l’agresseur. Une habitude. De quoi s’agit-il ? Regardez bien la photo. Israël veut installer des caméras dans son territoire -c’est son droit-, mais viole le territoire d’en face (Liban), avec une intrusion illégale, immorale et surtout zélée, puisque son matériel doit avoir la visibilité nécessaire pour admirer le Liban. Et pour se faire, il utilise une grue pour déterrer un arbre. Du jamais vu dans l’histoire des relations internationales.

Et comme par hasard, lorsque les militaires libanais font un tir de sommation, Israël réplique avec sa violence et sa disproportion habituelle. Résultat des courses : 4 morts côtés libanais dont trois militaires et un journaliste. Côté israélien, un militaire. Mais, Israël estime que la responsabilité de cette agression incombe au Gouvernement…libanais. Son action dit-il, était concertée avec l’ONU qui pourtant a convoqué d’urgence une réunion de crise.

Quand une personne n’a « jamais tort », a « toujours raison » quelques soient les circonstances, est toujours « agressée », que voulez-vous ? En revanche, lorsqu’on condamne en disant la vérité, elle vous accuse d’antisémitisme et de haine. Or, c’est elle qui provoque pourtant tout va, ses voisins. Faut-il encore vous faire un dessein avec ce qui se passe à Gaza ? Figurez-vous que depuis 2006 et le cessez-le-feu après sa défaite face au Hezbollah, Israël viole quotidiennement l’espace aérien libanais. Mais, personne ne vous le dira…

Israël a probablement raté son coup, en s’attaquant à l’armée régulière libanaise. Le chef du Hezbollah, Hassan Nazrallah a déclaré hier : « Je dis franchement que, partout où l’armée libanaise sera agressée et où il y aura une présence de la résistance, (...) la résistance n’observera ni le silence, (...) ni la retenue », poursuivant sa diatribe, il a ajouté, « La main israélienne qui prend pour cible l’armée libanaise sera coupée ». Le peuple libanais n’est visiblement plus divisé. Il a par ailleurs accusé Israël d’avoir commandité l’assassinat de Rafic Hariri, pour empêcher la réconciliation entre libanais...

Egypte : les manifestations contre les pénuries d’eau s’amplifient


En Egypte, le deuxième pays le plus peuplé d’Afrique, des dizaines de milliers de personnes sont récemment descendues dans la rue pour protester contre les pénuries d’eau. Ceci explique en partie les réticences du gouvernement à abandonner sa part actuelle de l’eau du Nil.Le 26 juillet 2010, 600 personnes du gouvernorat de Minya dans le sud du pays ont organisé un sit-in au Caire devant le ministère de l’Irrigation, pour protester contre le manque d’eau pour arroser leurs terres. Les années précédentes avaient certes connu des manifestations contre les pénuries d’eau, mais selon les observateurs locaux, l’ampleur et la fréquence des manifestations de 2010 sont sans précédents.

« La rareté de l’eau va encore augmenter à l’avenir », a dit à IRIN Riad Aldamk, directeur d’un projet d’études sur l’eau à l’Ecole d’ingénieurs du Caire. Il a expliqué que la consommation totale d’eau de l’Egypte avait augmenté de 17 pour cent au cours des cinq dernières années, comme le montrent des études menées par l’Ecole. Des étés plus chauds en sont en partie responsables.

Une étude publiée récemment par l’Agence centrale pour la mobilisation publique et les statistiques (CAPMAS) indique que les ressources en eau annuelles vont baisser de près de 15 milliards de mètres cubes d’ici 2017 : il est prévu qu’elles passent des 86,2 milliards de mètres cubes nécessaires à 71,4 milliards.

Selon cette étude, l’Egypte, dont la consommation moyenne par habitant est de 700 mètres cubes par an, est l’un des 15 Etats arabes situés sous la barre des 1 000 mètres cubes par habitant, qui dénote la rareté de l’eau. La moyenne mondiale est de 6 750 mètres cubes par personne et par an.

Les experts pensent que l’agriculture représente 70 pour cent de la consommation et accusent les méthodes d’irrigation traditionnelles de provoquer la perte de huit à 17 milliards de mètres cubes d’eau annuellement.

La culture du riz utilise une grande partie de l’eau, a dit Khalid Alqady, professeur d’agronomie à l’Université d’Helwan. « Pour faire pousser du riz, il faut d’énormes quantités d’eau ».

Pour répondre à cette inquiétude, le ministère de l’Agriculture a décidé de réduire la superficie dédiée à la culture du riz de 486 000 hectares en 2009 à 456 720 hectares cette année. Pour M. Alqady, la prolifération des fermes aquacoles sont également responsable de la rareté de l’eau.

Les 10 principales zones en manque d’eau

Cet été est extrêmement chaud, ce qui aggrave la pénurie d’eau. IRIN s’est fondé sur des entretiens avec plusieurs experts locaux en eau pour désigner 10 zones particulièrement affectées par les pénuries d’eau.

Ismailia – La pénurie d’eau dans cette ville de quelque 750 000 habitants de la côte nord-est a provoqué dans les dernières semaines de larges manifestations d’agriculteurs qui se plaignent de ne plus pouvoir irriguer leurs terres. Les agriculteurs ont exhorté le gouverneur à les aider et ont invité les caméras de télévision à filmer leurs difficultés. Selon eux, la sécheresse a provoqué une pénurie d’eau d’irrigation, ce qui a déjà rendu 57 803 hectares de terres arables incultivables.

Gouvernorat de Dakahlia – Les protestations d’agriculteurs à propos de la pénurie d’eau d’irrigation sont devenues courantes dans cette région agricole du nord-est du Caire. Les agriculteurs, qui organisent régulièrement des manifestations devant les bureaux du gouverneur, affirment que 10 789 hectares de terres arables ne sont plus utilisables parce qu’elles n’ont pas été irriguées depuis plus de 24 jours.

Gouvernorat de Kafr al-Sheikh – Les agriculteurs du village d’al-Tarzy, à quelque 180 kilomètres au nord du Caire, ont dit que trois semaines auparavant, l’eau d’irrigation avait cessé d’arriver jusqu’à leurs fermes pendant 10 jours. Ils ont manifesté, en se plaignant que le manque d’eau faisait mourir leurs récoltes mais que le gouvernement ne faisait rien.

Sharqia – L’insuffisance d’irrigation a ruiné des centaines d’hectares de terres agricoles, en particulier dans la partie nord de cette ville située au nord-est du Caire. Le mois dernier, la pénurie d’eau a forcé les agriculteurs à utiliser les eaux usées pour arroser leurs récoltes moribondes.

Fayoum – La pénurie d’eau a suscité un large mouvement de colère dans cette ville située à 130 kilomètres au sud-ouest du Caire. Ceci a provoqué des manifestations : les agriculteurs ont dit que les propriétaires fonciers influents ayant des relations politiques recevaient le peu d’eau disponible et qu’il ne restait rien pour les pauvres.

Damietta – Les effets de la rareté de l’eau se font sentir sur les terres arables de cette ville côtière du nord-est et sur la santé des habitants qui ont été affectés par de l’eau contaminée par les eaux usées.

Marsa Matrouh – Un canal amenant l’eau du Nil vers cette ville côtière du nord-ouest s’est complètement asséché, provoquant la sécheresse et des difficultés pour les habitants.

Gouvernorat de Minya – La hausse des températures a augmenté les besoins en eau de ce gouvernorat méridional qui ne dispose pas de canalisations d’eau.

Beni Suef – Il y a deux semaines, les agriculteurs de cette ville située à environ 115 kilomètres au sud du Caire sont descendus dans la rue pour protester contre le manque d’eau. Ils ont affirmé que 1 660 hectares de terres arables avaient été rendus inutilisables.

Gouvernorat d’Alexandrie – Dans le village de Nubaria, au sud d’Alexandrie, des milliers d’hectares de terres arables, vont finir par s’assécher parce que les autorités locales ont été obligées d’imposer des restrictions sévères sur l’irrigation.

Le ramadan et ses petits tracas en BD


Le Mois sacré du ramadan » croque le quotidien des musulmans
Norédine Allam au scénario et Greg Blondin au dessin racontent avec humour le quotidien des musulmans pratiquants pendant le jeûne. Le Mois sacré du ramadan, publié aux éditions du Bdouin, est une bande-dessinée à l’attention des musulmans. Norédine Allam nous livre la genèse de ce premier tome du « Muslim’show ».Sens en éveil, incompréhension, conseils pratiques… Norédine Allam et Greg Blondin mettent en image et en humour le quotidien des pratiquants pendant le ramadan. La bande-dessinée Le Mois sacré du ramadan, dont certaines vignettes ont été publiées sur Internet durant l’été 2009, croque cette période particulière. Si les traits sont volontairement exagérés, les musulmans ne manqueront pas de se reconnaître. Certains dans cette jeune fille qui brise le jeûne pour cause de menstruation, et fait face à l’incompréhension de ses amies non-musulmanes. D’autres dans la famille qui pour l’iftar [1] prépare un banquet, même s’il n’y a que deux convives. D’autres encore dans ces jeunes hommes qui s’interrogent sur le fait de contempler des jeunes filles en plein ramadan.Des situations amusantes, le musulman Norédine Allam en propose 46, mises en images par le non-musulman Greg Blondin. Le premier s’inspire de son vécu pour imaginer les scènes, et le second veille à la bonne compréhension des histoires. Le duo travaille actuellement au tome 2 de leur collection « Muslim’show », grande galerie de personnages illustrant la communauté musulmane d’Europe. Les deux compères s’y attaqueront au mariage et ses paradoxes. A quelques jours du début du jeûne, Norédine Allam explique les coulisses du Mois sacré du ramadan.

Afrik.com : Comment vous est venue l’idée du Mois sacré du Ramadan ?
Norédine Allam : Je fais de la bande-dessinée depuis dix ans, j’avais envie de faire quelque chose qui me ressemble davantage, qui évoque mon quotidien, mais aussi celui de mes amis, mes cousins… D’habitude, je fais des choses beaucoup plus larges culturellement, comme Astérix, que je mets en couleur.

Afrik.com : Les histoires sont-elles inspirées de votre vécu ?
Norédine Allam : C’est la base même de l’album. Je suis parti de ce que je connaissais, de mon entourage. Je vis à Amiens, mais que l’on habite ici, à Paris ou en Belgique, les musulmans ont les mêmes préoccupations : comment pratiquer dans un pays non-musulman ? J’ai exagéré ou inventé certaines histoires, comme celle de la boulette d’aluminium. Elle contient une datte mais les policiers pensent qu’il s’agit de cannabis. Quand nous avons posté cette histoire sur Internet, des personnes ont commenté, disant qu’il était arrivé la même chose à leurs proches. Aussi, même en imaginant, on retombe sur du vécu !Afrik.com : Pourquoi avoir d’abord publié vos planches sur Internet ?
Norédine Allam :L’idée, c’était que si les commentaires avaient été négatifs, on aurait arrêté au bout de deux ou trois jours. Mais on a eu de nombreux commentaires, tous positifs, des mosquées nous ont même appelés. Le site Oumma.com a tout de suite été partenaire… Du coup, on a eu un mois de juillet très occupé, à faire une planche par jour.

Afrik.com : Par qui l’album est-il lu ?
Norédine Allam :A la base, il est destiné aux musulmans. C’est une BD communautaire, si l’on veut, comme il y en a aussi sur les pilotes ou les gendarmes. Les musulmans étaient très demandeurs de BD qui leur soient destinées. Mais les non-musulmans, qui connaissent tous au moins un musulman, ont aussi été intéressés, cet album répondait à leurs questions sur le quotidien des musulmans.

Guinée : Condé-Kouyaté, une alliance imprévisible


La signature, lundi, d’une union pour le second tour des présidentielles en Guinée entre Lansana Kouyaté, du Parti de l’espoir pour le développement national (PEDN), et l’outsider Alpha Condé, du Rassemblement du Peuple de Guinée (RPG), en a surpris plus d’un. Tentative d’explication sur les tenants et les aboutissants de cette alliance.Bien rares étaient ceux qui auraient pu imaginer que l’ex-Premier ministre Lansana Kouyaté soutiendrait Alpha Condé pour le second tour de l’élection présidentielle. En effet, les deux hommes apparaissaient comme des ennemis de toujours. Événement le plus récent en date, peu avant le premier tour du 27 juin dernier, Condé était allé jusqu’à affirmer qu’un griot ne pouvait pas diriger le pays, en référence à l’appartenance de Kouyaté à cette caste.

Autre exemple illustrant les tensions qui pouvaient exister avant le premier tour entre les deux hommes, la publication d’un article intitulé « Attaques du PEDN contre Alpha Condé » sur le site internet officiel du RPG. Dans ce pamphlet, le RPG accuse vigoureusement le PEDN de colporter des ragots et présente Lansana Kouyaté comme un manipulateur. Il y a quelques semaines, Alpha Condé avait eu des mots très durs pour les anciens ministres du président Conté dont Kouyaté a fait parti, les rendant notamment « responsables du chaos guinéen ». Mais dans une interview du 3 août accordée à RFI, Kouyaté s’était dit « ne pas s’être senti visé » par cette attaque.

Les divergences idéologiques apparaissaient aussi comme assez flagrantes. Le site guinee58.com souligne que tandis que Lansana Kouyaté prônait le rassemblement et allait faire campagne dans les quatre coins de la Guinée, Alpha Condé n’avait pas fait campagne dans la moitié de la région du Foutah (Tougué, Koubia, Lélouma, Koundara, Mali, Dinguiraye,…).

Kouyaté vise le long terme

Lors de la cérémonie de signature de l’alliance, Lansana Kouyaté a expliqué que son choix avait été guidé en priorité par « le vote de nos militants consultés à la base, à l’intérieur et à l’extérieur du pays ». Mais peut-être pas seulement. En effet, comme nous le confie Gilles Olakounlé Yabi, économiste et analyste des dynamiques politiques en Afrique de l’Ouest, l’ex-Premier ministre n’avait finalement pas tellement le choix. Le PEDN est un parti jeune et une alliance avec le RPG avant la proche tenue des élections législatives (qui doivent avoir lieu après le dénouement de ces présidentielles) lui permettrait de garder une place prépondérante dans le paysage politique guinéen. Enfin, l’aspect ethnique et régional ne peut être négligé dans ce rapprochement. Kouyaté et Condé sont tous deux originaires de Haute-Guinée, région malinké. De plus, Alpha Condé, du fait de son âge avancé, devrait bientôt laisser la place vacante, et il est fort probable que grâce à cette alliance, Kouyaté devienne le nouvel homme fort de Haute-Guinée.

Verdict pas avant le 22 août

Même si, mathématiquement, Cellou Dalein Diallo de l’Union des Forces Démocratiques en Guinée (UFDG) est favori pour le second tour après son union avec Sydia Touré de l’Union des Forces Républicaines (UFR), la nouvelle alliance Condé-Kouyaté compte sur la faible participation du premier tour pour créer la surprise. En effet, seulement 1,8 millions de Guinéens sur 4,2 millions d’électeurs potentiels sont allés voter au premier tour. La Commission Electorale Nationale Indépendante a annoncé que le second tour devrait avoir lieu le 22 août.