06 juillet, 2010

ALTERNANCE POLITIQUE AU MALI : Les héritiers de ATT en ordre de bataille


L’élection présidentielle au Mali est prévue en 2012. Mais déjà, le landerneau politique s’agite. Une guerre de positionnement est en cours. L’après-ATT a déjà commencé. L’homme sera frappé d’inéligibilité en 2012 après son second mandat, conformément aux termes de la Constitution malienne. Si bien que ce départ annoncé a été confirmé par le président malien himself, histoire de couper l’herbe sous les pieds de ceux qui seraient tentés de lui faire ingurgiter la "tandjanite" afin qu’il poursuive ses chantiers.

En démocrate et en homme de parole, il se retirera et passera le témoin. L’histoire lui a déjà grandement ouvert ses portes un jour de mars 1991 lorsqu’ il a renversé le pouvoir du président Moussa Traoré, organisé une transition démocratique et remis le pouvoir aux civils. Populaire et sans parti politique, l’homme reviendra aux affaires en 2002, porté par un mouvement citoyen et un regroupement de partis politiques. Le contrat, après deux mandats, arrive à son terme et ses soutiens s’interrogent sur leur avenir politique. Ceux qui se réclament de lui, ses héritiers, sont à la recherche de la parade qui leur permettra de continuer l’œuvre, c’est-à-dire garder le contrôle du pouvoir.

Ce ne sera pas une tâche facile, car les professionnels de la politique au Mali, que sont, entre autres, IBK du RPM (Rassemblement pour le Mali), Soumaila Cissé de l’URD (Union pour la république et le développement) ou Dioncounda de l’ADEMA (Alliance pour la démocratie au Mali) n’entendent plus se laisser damer le pion par un candidat "indépendant". Ils avaient tous plus ou moins soutenu l’actuel président, mais chacun d’eux estime aujourd’hui que son heure est enfin arrivée. C’est pour cette raison que la formalisation du mouvement citoyen qui a porté le président ATT au palais de Koulouba est vue d’un très mauvais œil par les partis politiques traditionnels. Par réalisme politique ou par pure stratégie, certains partis politiques avaient préféré accompagner le libérateur que de l’affronter avec la certitude de se faire battre à plate couture. Maintenant, qui prendra son relais ?

Quel est l’homme emblématique qui sortira des rangs de ce nouveau parti, capable d’affronter les vieux caïmans de la mare politique malienne ? On n’en voit pas actuellement, même si le bilan du président sortant pourrait être un atout dans la campagne à venir pour cet hypothétique candidat. Mais, sont-ils vraiment les seuls héritiers de ATT ? Rien n’est moins sûr. Parce que certains partis politiques qui l’ont soutenu dans la mise en œuvre de sa politique pendant ses deux mandats, pourraient eux aussi se réclamer du bilan de l’homme pour des besoins de campagne.

ATT a certes donné son assentiment pour la création du parti, mais rien ne dit qu’il sera un acteur déterminant pour la suite des événements. On a vu l’éclipse de Alpha Omar Konaré, son prédécesseur au palais de Koulouba. Il s’est abstenu de tirer les ficelles depuis sa maison de retraite. On espère que ce sera le cas pour ATT qui laissera ainsi sa chance à chaque candidat pour assurer le relais. Comme Alpha Omar Konaré, ATT partira sans regrets, ni haine avec la conviction d’avoir tout donné pour sortir son pays de la pauvreté, avec la certitude aussi qu’il ne peut pas tout faire. C’est tout le charme de l’alternance en politique, au sein d’un parti comme à la tête d’un pays.

AU BURKINA FASO Détournement de 300 millions à l’ONI : La réplique du colonel Diallo


A l’occasion d’une conférence de presse que l’Office national d’identification (ONI) a organisée hier 5 juillet 2010 dans ses locaux, le colonel Abdou Diallo, DG de l’institution, est revenu sur les allégations qui font état d’un détournement de 300 millions opéré par ses services. La main sur le cœur, il dit n’être concerné ni de près, ni de loin par cette information dont il ignore les fondements.

En juin dernier, un confrère de la place informait qu’à l’Office national d’identification (ONI), 300 millions de FCFA avaient disparu des coffres-forts de cette institution mise sur pied en 2004 pour délivrer aux citoyens la Carte nationale d’identité burkinabè (CNIB).

Une "grenade" qui a dû emporter une barrette du galon du colonel Abdou Diallo, visiblement remonté contre une information dont il dit ignorer les fondements.

Devant les journalistes qu’il a invités dans les locaux de l’ONI pour échanger sur la bonne marche de son institution, celui-ci a été sans équivoque : "Personnellement, je ne me sens pas concerné". Tout ce dont il se souvient, ajoute-t-il, c’est que 2 mois après sa prise de service, une équipe d’inspecteurs est passée dans ses services pour un contrôle de routine.

Jusqu’à hier, regrette le colonel, ces techniciens ne lui ont pas encore fait parvenir leur rapport. Et selon les indiscrétions qui lui sont parvenues, les inspecteurs n’ont relevé aucune malversation du genre. Mieux, l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat (ASCE) ne lui a pas encore demandé des comptes malgré tout ce qui s’est dit sur le sujet.

Dans le rapport annuel d’activités de 2009 de l’ASCE, remis récemment au chef de l’Etat, l’Office national d’identification ne figure pas non plus sur la liste des 9 structures épinglées. Où se trouvent alors les fondements de cette "incrimination" véhiculée dans la presse ?

En attendant que les bonnes gens lui apportent la preuve, le Directeur général de l’ONI affirme que sa structure marche bien malgré quelques difficultés objectives. Sur le plan opérationnel, le renforcement des équipes mobiles et des centres de production à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso ont permis d’établir à la date du 3 juillet dernier, 2 691 639 pièces d’identités, soit 25 000 /jour.

A ce rythme, le colonel Diallo va remplir sa mission qui est d’établir 5 à 6 millions de CNIB d’ici septembre prochain. Malgré tout, les délais ne sont pas respectés et la restitution pose problème. "La chaîne de production est longue. Elle commence depuis la collecte des formulaires jusqu’à la production proprement dite en passant par le traitement des formulaires collectées", répond M. Diallo.

Quant au problème de restitution, il est dû en partie au fait que l’ONI veut remettre chaque pièce à son propriétaire, sans compter que beaucoup ne repartent plus chercher leur CNIB.

L’institution rencontre d’autres types de contraintes que sont notamment l’installation imminente de la saison pluvieuse rendant inaccessibles certaines zones du pays, et la probable baisse d’engouement des populations qui seront occupées aux travaux champêtres.

Pour y remédier, la structure envisage de travailler en collaboration avec les autorités locales et les associations en ce qui concerne la collecte et la restitution des CNIB, et d’intensifier la communication de proximité pour faire adhérer la population. Qu’en est-il des informations qui accusent Abdou Diallo et ses collaborateurs d’être responsables de l’échec d’élèves qui n’ont pas pu composer aux examens, faute de CNIB ?

Avec communiqués à l’appui, le colonel assure qu’il a informé élèves, parents d’élèves et chefs d’établissement de ce qu’une opération spéciale était lancée au profit des élèves-candidats. Ceux qui se sont présentés aux lieux indiqués ont pu disposer du précieux sésame.

Et le DG de conclure que l’ONI est une maison commune. Alors, elle est ouverte aux critiques objectives et honnêtes qui peuvent aider cette structure sérieuse de l’Etat d’atteindre ses objectifs.